Alors que le mouvement des Gilets jaunes se poursuit, les patrons poursuivent les plans de licenciements et autres restructurations, y compris dans le secteur du commerce. L’exemple type ces dernières années dans ce secteur d’une stratégie sacrifiant allègrement l’emploi au profit de la finance est le plan de transformation de Carrefour, mené tambour battant depuis 2018.
Les premiers effets de ce plan viennent d’être salués en Bourse, et pour cause : le montant du dividende versé aux actionnaires reste stable par rapport à l’an dernier, alors que le chiffre d’affaires des hypermarchés français, qui représente un quart de l’activité de Carrefour, fléchit. Mieux, le distributeur en profite pour annoncer un relèvement de 40 % de son objectif d’économies d’ici 2020 : qui a dit que quand on aime, on ne compte pas ?
À Conforama, dont le propriétaire sud-africain a maquillé la comptabilité, les près de 10 000 salariéEs retiennent leur souffle alors que les rumeurs de rachat par But se font plus fortes. Pour favoriser une telle vente, il y a fort à parier que ce sont les mêmes recettes amères qui seront mises en œuvre : « rationalisation » du réseau et des économies de frais d’échelle, le tout sur fond de fonte des effectifs. L’enseigne Castorama a annoncé elle la fermeture de 11 magasins, dont celui de La Défense, avec à la clé près de 800 suppressions de postes, là où pourtant l’extension des ouvertures dominicales devait en créer…
L’habillement n’en finit pas d’être déshabillé
Après la fermeture de magasins Pimkie et l’interminable démembrement du groupe Vivarte, la chute des ventes dans l’habillement, liée à une consommation atone, n’en finit pas de faire des ravages. Vient s’y ajouter désormais un effet Brexit : ainsi, Burberry, la maison de luxe britannique, a annoncé le mois dernier la fermeture pour cet été de la quasi-totalité de ses points de vente en régions et le maintien sur Paris des seuls point situés dans les grands magasins, même si l’expertise votée par le comité d’entreprise a pour le moment bloqué ce projet.
À New Look, après la victoire en novembre 2018 consécutive à l’abandon du plan social, la direction de transition prépare lentement mais sûrement la liquidation de l’entreprise. Le personnel, sous l’impulsion de ses éluEs et du syndicat Sud Commerce, ne s’en laisse pas compter et a investi en nombre le siège de l’entreprise le 18 mars dernier, accompagné de notre camarade Olivier Besancenot. Ce lundi, les salariéEs étaient encore nombreux en grève pour se faire entendre devant le tribunal de commerce de Paris suite à la mise en redressement judiciaire : ils et elles ont gagné six mois de maintien de l’activité et la désignation de plusieurs représentantEs qui feront contrepoids au projet funeste de leur direction.
Éclatement des lieux de travail, moindre présence syndicale que dans l’industrie renforcée par ailleurs par un turn-over important du personnel, le plus souvent sujet à la précarité à commencer par le temps partiel : on comprend mieux la difficulté pour les travailleurEs concernés à se mobiliser face à ces restructurations incessantes, les organisations syndicales oscillant entre accompagnement (CFDT, FO) et résistance (CGT, SUD). Pourtant, comme l’a écrit Brecht, « Ne dites jamais : "c’est naturel" afin que rien ne passe pour immuable. »
LD