C’est comme pour toute chose, dans la mobilisation, il y a des hauts et des bas. Après avoir réussi des grèves et des actions avec l’ensemble des salariéEs, nous voilà maintenant dans des débrayages minoritaires.
Ainsi, nous étions environ 70 salariéEs (sur 900 au total) à nous rassembler jeudi 9 mars pour protester contre la politique de Ford et contre le report du Comité de suivi avec le préfet et les pouvoirs publics. Il faut dire que les dirigeants de la multinationale sont repassés à l’offensive, tentant ainsi de reprendre le contrôle d’une situation qui leur échappait. Illustration avec la visite de la numéro 2 de Ford Europe le mercredi 8 mars...
Nous avons eu droit au discours comme quoi il fallait que l’usine soit propre, que les salariéEs montrent leur sens des responsabilités, leur motivation au travail, histoire de convaincre la direction que cette usine vaut le coup d’être gardée. Il fallait montrer que nous savions recevoir, avec la demande de ne pas faire grève ce jour-là, de ne pas faire d’action qui pourrait nous coûter cher... L’intersyndicale a flanché et a accepté d’être raisonnable, acceptant même de participer au cirque patronal. Seule la CGT a protesté, refusant de participer à la « visite » de l’usine, et mettant donc en porte-à-faux les autres. Et seule, elle a appelé à la grève le lendemain comme c’était initialement prévu pour la tenue du Comité de suivi.
Vers le 20 mars
Nous étions donc peu nombreux mais pas pour autant démoralisés. Il est important que la dénonciation des agissements de Ford continue. Cette détermination est importante pour la suite, car l’enjeu est bien de redonner confiance aux collègues, de relancer une véritable mobilisation pour la défense des emplois. Il s’agit de contrer les manœuvres d’intimidation et les pressions diverses, de faire face aux tentatives actuelles de renforcer la discipline au travail. Avec des dirigeants qui essaient de retourner la situation en leur faveur : le danger ne proviendrait pas de Ford qui refuse d’investir et d’apporter des activités suffisantes... mais des salariéEs qui pourraient ne pas être suffisamment compétitifs !
La suite, une nouvelle journée de débrayage et de manifestation devant la préfecture le lundi 20 mars, nouvelle date du Comité de suivi. Et cette fois, la CGT devrait être rejointe par les deux autres syndicats ouvriers, pour dénoncer publiquement une politique socialement catastrophique, pousser les pouvoirs publics à agir et pousser Ford à respecter ses engagements de maintien de tous les emplois.
L’histoire commence à être longue, mais il n’y a aucune raison de lâcher prise.
Philippe Poutou