Les plans de licenciement continuent à un rythme élevé et pourtant, du côté des dirigeants syndicaux, il n’y a aucune initiative d’envergure pour y répondre. C’est même incroyable quand on voit la bataille des salariés de Goodyear contre la fermeture de leur usine.
L’histoire est tristement celle de la chronique d’une disparition quasiment annoncée après 6 ans de lutte acharnée, repoussant plusieurs attaques de leur patron. Il semblerait que la dernière charge, avec le repreneur « voyou » Titan aidé d’un complice de taille, le gouvernement du redressement productif, sonne la fin de la résistance. Les militants du syndicat CGT de la boîte le reconnaissent, après avoir lutté des années contre les licenciements, ils luttent aujourd’hui pour des indemnités décentes parce qu’il n’y a plus l’espoir de sauver les emplois. Leur lutte désespérée a fait la une des médias pendant deux jours, le temps de séquestrer deux des patrons de l’usine.
Fraîcheur et déterminationFace à cela, Il fallait bien une réaction, l’expression d’une solidarité. Elle est venue des militants de la CGT ArcelorMittal Florange qui ont proposé une action de soutien en lien avec les « Goodyear ». Quelques coups de fil entre équipes syndicales qui se connaissaient et l’idée a pris forme. Un appel à la solidarité et à l’action est rédigé. L’enjeu est d’exprimer le soutien le plus large possible, en regroupant toutes celles et ceux qui le pouvaient le vendredi 17 janvier devant l’usine de Goodyear à Amiens. Cet appel dénonce la véritable violence sociale que sont les licenciements et les fermetures d’usines. Il rappelle aussi que de nombreux salariéEs défendent leurs emplois et que la solution est de lutter tous ensemble pour changer le rapport de forces. Plusieurs syndicats CGT de boîtes « symboliques » répondent présents : Petroplus, Fralib, PSA Aulnay, General Motors (Strasbourg), Ford, Faurecia, Continental... Il y avait aussi de nombreuses autres délégations (postiers de Solidaires, UL du Nord…). De nombreux autres syndicats (entreprises privées et publiques) signeront l’appel mais sans pouvoir envoyer de délégations sur place le 17 janvier.Pour beaucoup, il s’agissait « d’habituéEs » à ce genre d’actions, des équipes militantes qui essaient de faire vivre la solidarité, de construire des liens pour agir ensemble. Depuis 2008-2009, l’époque des luttes chez Conti ou Molex, il y a eu plusieurs tentatives pour regrouper les salariéEs en lutte dans des collectifs, la dernière en date étant avec les « Licenci’elles » il y a un an. Les années passent et cela semble toujours plus difficile, mais cet espoir de coordonner les résistances est toujours bien là.La journée du 17 janvier s’est déroulée sous la pluie, dans la fraîcheur, à l’image du climat social actuel. Sans surprise, il n’y avait aucun représentant des confédérations syndicales. Ceci dit, nous étions 300, convaincuEs que la riposte dépend de nous, les militantEs d’en bas. Nous savons qu’il faudra de l’énergie pour progresser, pour avancer sur le long chemin de la convergence. Mais c’est le chemin dans lequel nous nous engageons.
Philippe Poutou