Sans conteste, la journée du 18 mai a quelque chose d’historique à La Poste.
À l’heure où ces lignes sont écrites, nous n’avons pas les chiffres de grève à l’échelle de l’ensemble de la boîte. Mais nous pouvons déjà relever des éléments significatifs. Dans les Bouches-du-Rhône ou les Hauts-de-Seine par exemple, la grève est majoritaire dans la plupart des établissements. Dans le Calvados, en Ille-et-Vilaine, en Seine-et-Marne, les chiffres dépassent les 30 %. Des rassemblements ont eu lieu dans de nombreuses villes partout sur le territoire, réunissant souvent plusieurs centaine de postierEs. Des manifestations se sont déroulées aussi un peu partout, comme à Paris ou plus de 500 agentEs ont battu le pavé. On n’avait pas vu cela depuis des années.
Construction par en bas
C’est d’autant plus remarquable que la construction de cette mobilisation s’est réalisée de manière originale. Les 16 et 27 mars, deux journées d’action ont été organisées, la première dans les Hauts-de-Seine, la seconde en Gironde (lire l’Anticapitaliste n°561 et n°568). Elles avaient été organisées en intersyndicale (Sud-CGT-FO dans le 92, Sud-CGT dans le 33), et ont été toutes les deux des succès. De quoi donner de l’inspiration pour créer un rapport de forces national.
En effet, si depuis des années les luttes sont émiettées à La Poste, les problématiques sont les mêmes partout : réorganisations, manque d’effectifs, salaires mis au congélo. La pandémie est d’ailleurs un accélérateur de la contestation, tant le hiatus entre les discours patronaux sur les « postierEs héros et héroïnes » et la réalité de la politique du siège (par exemple la suppression de la prime d’intéressement en 2021) génère de la colère dans les services.
Dans ce contexte, il était tout à fait normal d’imaginer que les fédérations syndicales postales se fassent le relai de cette contestation, et contribuent à lui donner une perspective nationale. Or, à l’exception de Sud PTT qui a très vite appelé à une intersyndicale en ce sens, ce n’était pas la politique choisie. Pour autant, les intersyndicales départementales ont rapidement essaimé, et la date du 18 mai a fini par s’imposer. C’est cet élément décisif qui a contraint la CGT, et dans une moindre mesure FO, à appeler in fine à la grève.
Un succès qui appelle des suites
Il est évident que, si cette journée sonne comme un avertissement pour le PDG Philippe Wahl et ses comparses, elle n’est pas une fin en soi. Au contraire, ce n’est qu’un début, comme on dit ! Les intersyndicales doivent se réunir au plus vite à tous les niveaux, les AG de personnels se multiplier. Pour que la pression ne retombe pas, et même qu’elle s’intensifie, une nouvelle date de grève doit être prévue, sans perdre de temps à louvoyer.