La fédération SUD PTT avait décidé, lors de son comité fédéral (réunion nationale des syndicats SUD PTT) en octobre dernier, d’une action nationale à La Poste contre les réorganisations et la politique de bas salaires, posant le principe d’une grève illimitée démarrant sur une manifestation nationale au premier semestre 2016...
De nombreuses rencontres ont eu lieu entre les différentes fédérations syndicales de La Poste afin que cette action puisse être unitaire et avoir plus de poids, mais, malgré un contexte favorable (rapport de la Cour des comptes sur le métier de facteur, bénéfices scandaleux du groupe – 635 millions d’euros – réalisés en 2015), les discussions n’aboutirent finalement pas.
Depuis longtemps, les grèves à La Poste sont très fortes et très fréquentes, souvent sur des questions de restructurations et de suppressions d’emplois, mais leur égrenage et leur dispersion permet juste de limiter la casse. Les résultats de ces grèves sont souvent mitigés et le rapport de forces n’est jamais suffisant pour empêcher totalement la mise en place de ces réorganisations.
C’est donc fortes de ce constat, et lassées d’un certain immobilisme des directions syndicales, que les équipes SUD ont commencé à militer pour construire cette grève nationale. Des actions avaient auparavant été menées pour essayer de fédérer les équipes syndicales en lutte et contribuer à la construction d’un mouvement d’ampleur à La Poste, comme en 2014, où facteurs en grève du 92, de Paris 15, de l’Essonne et même du Cher (Aubigny-sur-Nere) s’étaient rencontrés et avaient mené des actions au coude à coude...
Sortir de la résignation
La journée de grève du 23 mars s’annonce donc inégale à La Poste, mais nous pouvons déjà prévoir que dans de nombreux départements (Loire-Atlantique-Vendée, Hauts-de-Seine, Essonne, Bouches-du-Rhône...), la grève sera forte et sera reconduite dans de nombreux bureaux. Il ne faudra donc pas que les équipes militantes se focalisent sur un chiffre de grève national qui ne reflétera sans doute pas des réalités locales combatives, mais favorisent les départs en grève partout où elles le pourront en expliquant que ces grévistes ne seront pas isolés.
Car dans ce contexte national de mobilisations contre la loi El Khomri, où les postierEs – bien qu’ils ne l’expriment pas encore concrètement par la grève – refusent eux aussi cette attaque brutale contre le code du travail, ces grèves qui démarre mercredi 23 mars, ne seront plus isolées : elles en seront donc renforcées et encourageront des équipes militantes et les postierEs à entrer eux aussi en lutte.
Le mécontentement est extrêmement fort à La Poste contre la dégradation des conditions de travail et les bas salaires, et bien que nos directions aient essayé de faire taire cette colère par la répression anti-syndicale, il est bien probable que les grèves qui démarreront ce 23 mars sortiront de nombreux postierEs de la résignation, et que la peur changera enfin de camp !
Correspondant