« Vous êtes dans des conditions de travail très dures, avec même des formes de violences au travail, jusqu’au viol de cette collègue par un directeur de l’hôtel […]. On imagine bien la difficulté de relever la tête, de retrouver la confiance en soi pour se battre, et en cela, votre mobilisation est admirable » : c’est le message de soutien adressé lundi 9 septembre par Philippe Poutou aux salariéEs de la société STN, sous-traitées à l’hôtel IBIS Batignolles, en grève depuis la mi-juillet avec leur syndicat, la CGT-HPE.
RegroupéEs devant l’entrée principale de l’hôtel, les grévistes scandent chaque jour leurs slogans avec la même détermination : « Mal au dos, mal aux pieds, il faut payer ! », « STN voleur, IBIS complice ! » Ils et elles sont une vingtaine à avoir débuté cette grève pour protester contre des conditions indignes de travail. « Ici on travaille beaucoup, mais ça ne paye pas, et souvent les femmes finissent avec des handicaps »1. TouTEs témoignent des cadences infernales, des nombreuses heures supplémentaires jamais payées et des menaces de mutation – sinon pire –lorsqu’ils et elles osent se plaindre ou tombent malades.
Aucune discussion n’est entamée
Tiziri Kandi, animatrice syndicale à la CGT-HPE, nous explique que STN n’a fait que des propositions minimalistes aux grévistes, et à la seule condition qu’ils retirent leurs saisines aux Prud’hommes ; quant à l’hôtel, il se décharge sur le sous-traitant : « Pourtant c’est bien lui qui, lorsqu’il a négocié le contrat commercial, a tiré les prix vers bas tout en sachant très bien ce que ça signifiait pour les salariéEs. Il ne tient qu’à lui de le revaloriser et d’imposer à l’employeur qu’il assure de meilleures conditions de travail aux femmes de chambre. Ou de les internaliser : c’est leur principale revendication ».
« Mme la Secrétaire d’État, elles sont là les femmes de chambre ! »
Le jeudi 12 septembre, le piquet de grève se délocalise devant le cabinet de la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes qui a déclaré, en juin dernier, vouloir « défendre les femmes de chambre »2. Sauf qu’à ce jour la CGT-HPE et les grévistes, bien décidées à interpeller la ministre, n’ont pas été contactées… contrairement aux représentants de fédérations et agences qui emploient les femmes de chambre !
Les soutiens locaux se mobilisent
Pour autant, ce silence n’entame en rien la motivation sur le piquet. « C’est toujours épatant de voir la détermination, les chants, les danses, les confettis… Tous les moyens pour mettre la pression sur la direction, avec une bonne humeur extraordinaire vu les conditions très difficiles dans lesquelles vous êtes », témoigne Philippe dans sa prise de parole.
Il faut dire que la grève est très largement soutenue : ce lundi 10 septembre, il n’est pas le seul à être venu apporter son soutien aux camarades. Une délégation de la CGT Paris 18e est également venue remettre un chèque pour la caisse de grève.
Et un collectif, appuyé par l’union locale mais aussi par de nombreuses autres organisations du quartier, dont le NPA, s’est monté pendant l’été pour soutenir les revendications des grévistes et refuser les violences dans ce secteur de la sous-traitance hôtelière.
Plusieurs actions ont déjà été menées pour informer les habitantEs, très largement solidaires des grévistes et, le 20 septembre prochain, il organise une fête de quartier pour appuyer la dynamique et alimenter la caisse de grève3.
Marion (comité Paris 17-18e)
- 1. Mathieu Dejean, « Femmes de chambre en grève, à Paris : "Elles ont si peu à perdre qu’elles sont très déterminées" », les Inrocks, 9 septembre 2019.
- 2. « Marlène Schiappa : "Je veux défendre les femmes de chambre" », le Parisien, 22 juin 2019
- 3. https://www.lepotcommun…