173 jours de grève à Rueil-Malmaison, La Garenne/Bois-Colombes, Courbevoie et Gennevilliers (92), 60 jours de grève à Epinay (91), 51 jours de grève à Paris 15, 25 jours de grève à Decazeville (12), 93 jours de grève à Ajaccio, 78 jours de grève à Aubigny (18) et la grève n’est pas terminée (1)… Le premier semestre 2014 aura été riche en conflits longs à La Poste, en particulier entre mai et juillet.
Des grèves dures, mais des grèves qui ont arraché des victoires partielles, ce qui est loin d’être négligeable par les temps qui courent. Les postiers de Paris 15 ont réussi à préserver leurs jours de repos. Celles et ceux du 92 ont obtenu l’embauche de précaires et ont repoussé des plans de suppressions d’emplois. À Epinay, les facteurEs ont mis en échec le projet de mise en place de la « sacoche » : les facteurs étaient censés ne plus travailler ensemble le matin dans un même bureau, mais récupérer chacun une sacoche de courrier et la distribuer de leur côté ! Quant à Ajaccio, au lieu de supprimer 7 emplois, la direction a été contrainte d’accepter d’en créer un ! Ces avancées obtenues lors de ces conflits récents ne sont bien évidemment pas suffisantes pour stopper l’offensive de la direction de La Poste. Mais la manière dont elles ont été obtenues montrent la voie à suivre pour inverser la tendance.
« Tous ensemble » ?100 000 emplois ont été supprimés à La Poste entre 2002 et 2012. Et ça continue : les centres de tri courrier, qui ont constitué des années 70 aux années 90 l’épine dorsale des résistances postales, connaissent aujourd’hui une deuxième vague de fermeture de sites en moins de 10 ans. La Poste est aujourd’hui passée à la vitesse supérieure : elle combine les suppressions d’emplois avec l’ajout de nouvelles tâches aux postiers. Le trait distinctif des luttes de 2014, ce ne sont pas les avancées obtenues : d’autres grèves localisées avaient déjà empêché La Poste de mettre en place un certain nombre de projets. Ce qui est nouveau, c’est que ces différentes grèves se sont liées les unes aux autres. Les grévistes des différents départements ont cherché à s’appuyer les uns sur les autres : déclarations communes remises le même jour simultanément, manifestations conjointes en région parisienne, conférences téléphoniques… Un blog commun a même été lancé afin de recenser les grèves à La Poste (2). Cela fait en effet plusieurs décennies que les luttes des postiers se mènent de manière fragmentée : site par site et même service par service. Assistons-nous au début du retournement de la tendance à la fragmentation des luttes postales ? En tout cas, les postiers impliqués dans ces conflits se sont montrés ouverts à l’idée du « tous ensemble ». Des actions interprofessionnelles ont été également menées à Ajaccio avec les marins de la SNCM, avec les intermittentEs et précaires et avec les cheminotEs en région parisienne, et cela en dehors d’un contexte de bagarre nationale autour d’une revendication unifiante comme pour les retraites. En particulier, c’est l’alliance imprévue que les postiers du 92 ont noué avec les intermittentEs et précaires qui leur a permis de sortir de l’isolement à partir d’avril, et qui a également joué un rôle décisif pour faire aboutir leur conflit fin juillet. C’est en développant de tels liens entre postiers et avec d’autres secteurs que des points significatifs pourront être marqués.
Ornella Chesnutt1 – Les grévistes d’Aubigny sont en grève depuis le 16 juin. N’hésitez pas à les soutenir financièrement : www.leetchi.com/fr/Cagnotte/1446322/1e7f513b 2 – www.convergenceposte.wordpress.com