Publié le Vendredi 15 février 2013 à 14h12.

Le MEDEF exige, Hollande exécute... Construisons une opposition à ce gouvernement !

Le 5 février devant l’usine PSA d’Aulnay, un meeting de soutien au grévistes et aux militantEs répriméEs a rassemblé Marie-George Buffet, Nathalie Artaud, Xavier Mathieu, Annick Coupé, Olivier Besancenot… Le 12 février, se sont retrouvés ensemble, devant le siège de Goodyear, non seulement celles et ceux de l’usine d’Amiens Nord menacée de fermeture, mais des manifestantEs venuEs de plusieurs dizaines d’entreprises dont la fermeture est programmée avec à la clé des centaines de suppressions d’emplois.

 La solidarité et la convergence entre et avec les salariéEs des entreprises menacées de fermeture montent, s’organisent, se construisent. Mais dans le même temps c’est un véritable déchaînement à la fois médiatique et répressif contre celles et ceux qui défendent leurs emplois, leurs conditions de travail et de vie.

L’enjeu va bien au-delà des seuls Goodyear ou PSA. Il s’agit de faire accepter l’Accord national interprofessionnel – signé par le Medef et les trois syndicats CFDT, CGC et CFTC – qui prétend allier sécurisation de l’emploi pour les salariéEs d’une part et flexibilité et sécurité juridique pour les entreprises d’autre part. En réalité, cet accord est une attaque majeure contre les droits des salariéEs. Il vise deux objectifs principaux. Le premier est la possibilité, si un accord de « maintien dans l’emploi » est signé dans l’entreprise, d’imposer à toutE salariéE une baisse du salaire ou une augmentation du temps de travail, voire les deux à la fois, sans qu’il ou elle ne puisse refuser sous peine de licenciement. S’y ajoute la mobilité forcée, c’est-à-dire l’impossibilité de refuser d’aller travailler dans un autre site de l’entreprise. Le second objectif est de faciliter et d’accélérer les procédures de licenciement tout en protégeant juridiquement les patrons des recours des salariéEs contre leurs abus et irrégularités.

Le Medef en rêvait, Hollande et Ayrault le fontCet accord n’est en rien gagnant-gagnant. Les seuls gagnants sont les patrons qui obtiennent ce qu’ils réclament depuis des années, la baisse des salaires et la destruction du code du travail. En Grèce ou dans l’État espagnol, de telles politiques accélèrent le chômage et la précarité. Le chantage et les menaces visent à imposer ce recul historique. C’est ce qui explique la campagne actuelle contre les grévistes. Le gouvernement veut aller très vite. Le texte doit être étudié par le Conseil des ministres le 6 mars et une procédure d’urgence devrait conduire à un vote au Parlement fin avril. Le Medef, les organisations syndicales signataires, le gouvernement mettent tout leur poids dans la balance.Le Parti socialiste fait semblant d’entrouvrir la porte en organisant des échanges avec les organisations syndicales non signataires. Mais il n’y a rien à garder dans l’accord, il ne s’agit ni de le rediscuter ni de l’amender, il ne doit pas être ratifié.Expliquer pour combattreDe nombreuses voix se lèvent pour dénoncer le contenu de cet accord, des syndicalistes, des chercheurs et chercheuses, des féministes, toutes les forces politiques à la gauche du gouvernement…Le texte est délibérément long et touffu. Il importe de faire très vite un travail de décryptage partout dans les entreprises, dans les organisations syndicales, publiquement, pour déjouer – derrière les très maigres, voire inexistantes, prétendues avancées – les vrais pièges et reculs sociaux catastrophiques. C’est le travail qui peut et doit être fait, avec des réunions publiques, des meetings, des tracts explicatifs, de manière unitaire par toutes les forces qui s’opposent à cet accord.Il faut d’urgence construire une mobilisation nationale, interprofessionnelle. La CGT, FO et Solidaires proposent une première date de mobilisation le 5 mars, veille du Conseil des ministres où sera examiné le texte. Cette date doit être le point de départ d’une mobilisation prolongée car il faudra bien plus qu’une journée pour empêcher cet accord de devenir loi. 

S'opposer clairement à ce gouvernementPour le patronat, la crise et le chômage massif représentent l’occasion idéale pour baisser le « coût du travail » et précariser les salariéEs. En organisant le soit-disant dialogue social, puis en traduisant dans la loi l’accord ainsi obtenu, le gouvernement se met entièrement à son service. Il n’y a place ni pour l’abstention ni pour les hésitations : il faut s’opposer au gouvernement et le faire reculer !Construire une opposition politique qui défende les droits du monde du travail – interdiction des licenciements, réduction du temps de travail pour permettre à toutes et tous d’avoir un emploi, embauches massives dans les services publics – voilà l'enjeu.Christine Poupin