En lutte depuis plus de deux mois, les travailleurs sans-papiers de DPD et Chronopost (filiales du groupe La Poste dans le secteur du colis), ainsi que ceux de l’agence d’intérim RSI de Gennevilliers viennent de marquer un point important dans leur mobilisation contre leurs patrons et l’État.
Le 9 février, des délégués des trois piquets (Le Coudray-Montceaux dans le 91, Alfortville dans le 94 et Gennevilliers dans le 92), ainsi que des représentantEs du Collectif des travailleurs sans-papiers de Vitry et de Solidaires et Sud PTT, ont été reçus par le directeur de cabinet du directeur général des étrangers en France.
Cette audience s’est déroulée dans le cadre d’un rassemblement devant la DGEF (direction générale des étrangers en France), située dans l’annexe du ministère de l’Intérieur sise rue des Pyrénées, dans le 20e arrondissement de Paris. Ce rassemblement a été précédé d’une manifestation réunissant environ 400 personnes, particulièrement combative, comme l’ont été les interventions des délégués des grévistes, des syndicalistes et des soutiens comme Annick Coupé, porte-parole d’Attac.
Reconnaissance du rapport de forces
C’est la première fois depuis le début de cette lutte qu’une délégation est reçue à ce niveau de responsabilité, et ce n’est pas rien dans un contexte où les positions des différentes préfectures concernées se sont durcies ces derniers temps. La préfecture de l’Essonne a par exemple fait pression sur la mairie du Coudray-Montceaux pour faire évacuer le piquet devant la plateforme DPD. Cette dernière ne s’est pas trop fait prier pour prendre un arrêté d’occupation illégale de l’espace public facilitant l’intervention des gendarmes, qui a ainsi eu lieu le 2 février. Le contexte de l’élection présidentielle n’est sans doute pas étranger à cette volonté d’en terminer rapidement avec ce conflit. Mais ce coup de force n’ayant pas entamé la détermination des grévistes (une manifestation s’étant terminée devant la mairie du Coudray a même obligé la maire et le président de la communauté d’agglomération Grand Paris Sud à venir s’expliquer), l’État est bien obligé de reconnaître la réalité du rapport de forces auquel il est confronté. Une reconnaissance qui, par ailleurs, tranche de fait avec le discours de la direction de La Poste qui continue à nier qu’elle ait quoi que ce soit à se reprocher (en d’autres termes, elle invisibilise la frange la plus exploitée des salariéEs travaillant dans le groupe).
Évidemment la DGEF n’a pas annoncé qu’elle revenait sur la logique des régularisations au cas par cas, et il reste à voir si l’attitude des préfectures évoluera. Mais cette journée a indéniablement renforcé la confiance de ces travailleurs en ce qui concerne l’issue de leur lutte, même si le combat est loin d’être terminé.