En appelant à la mobilisation, le 30 juin, contre la fermeture de leur usine et les différents projets de fermetures de sites, les salariéEs de Ford Blanquefort remettent dans le champ politique la question des licenciements.
En effet, alors que Hollande et Macron se disputent la paternité de ce qu’ils appellent la « relance économique », de nombreux économistes s’interrogent sur les causes d’une consommation qui reste faible. Il n’y a pourtant pas de mystère. Car, si on peut leur faire confiance lorsqu’ils claironnent la bonne santé des entreprises, 90 milliards de bénéfices nets cumulés pour 2017 pour les 40 principales entreprises françaises (en hausse de 21,6 % par rapport à 2016), ce n’est pas du tout la perception qu’en ont les salariéEs, les privéEs d’emplois ou les jeunes en galère. Et pour cause, puisque ce sont les suppressions d’emplois et le développement massif de la précarité qui font l’augmentation des profits distribués aux actionnaires.
Plans de licenciements en cascade
En effet, au début des années 2010, les entreprises qui licenciaient le justifiaient par l’annonce de déficits et la nécessité de réorganiser pour « sauver d’autres emplois ». Aujourd’hui, dans le monde de Macron, on ne parle plus de licenciement, mais de suppression d’emploi, comme si cela n’avait pas toujours les mêmes conséquences sur la vie des salariéEs et de leurs familles. Et les plans de suppressions d’emplois, il en pleut dans tous les secteurs de l’activité économique mondiale.
Dans l’industrie, bien sûr. À commencer, si l’on ne prend que les grandes entreprises, par l’automobile. En 2017 tous les groupes de l’automobile ont réalisé de confortables bénéfices avec des marges pour la plupart supérieures à 5 %. Et ils annoncent des suppressions d’emplois par milliers : Ford en fermant l’usine de Blanquefort supprimerait 900 emplois ; dans le même temps, PSA qui a racheté Opel va supprimer 3 700 emplois en Allemagne cette année ; Jaguar et Land Rover 1 000 en Angleterre ; General Motors va en supprimer 1 000 en Ohio ; Tesla vient d’annoncer 3 000 suppressions de postes à son siège aux États-Unis….
Mais c’est également le cas dans des secteurs moins « traditionnels » de l’industrie. Ainsi Airbus qui a supprimé dans l’année en cours 1 164 postes en Europe, dont 639 en France, vient d’annoncer 3 700 suppressions de postes supplémentaires dont 470 en France. L’entreprise Ricoh qui produit du matériel de bureautique vient d’annoncer 360 suppressions d’emplois en France (soit 15 % des effectifs).
De la banque à la fonction publique
Et si on sort de l’industrie, du côté des banques, ce sont des plans bien plus drastiques. Alors que les six plus grandes banques françaises ont réalisé en 2017 la coquette somme de 23,5 milliards de bénéfices, elles annoncent entre 7 000 et 8 000 suppressions de postes, soit 20 % des emplois, au nom de la « dématérialisation » qui viderait les agences bancaires.
Dans la grande distribution, Carrefour a fait la « Une » : après la suppression de 2 400 emplois au siège, qui ont valu un gros chèque au PDG sur le départ, un nouveau plan de 485 suppressions d’-emploi dans les hypermarchés est en cours ainsi que le licenciement des 1 800 salariéEs travaillant dans les anciens magasins DIA qui vont fermer.
Du côté de la fonction publique, ce n’est pas mieux : 2 600 postes de stagiaires en moins dans les collèges et lycées à la rentrée prochaine ; les réformes du bac et de la voie professionnelle, si elles s’appliquaient, entraineraient 4 000 à 5 000 suppressions de poste chacune. 15 000 emplois hospitaliers sont en outre menacés, tout cela en attendant les annonces plus précises de CAP 2022 qui sous diverses formes vise à supprimer les 120 000 postes comme « promis » par Macron dans sa campagne.
Ensemble contre les licenciements
Alors il y a urgence à exiger des comptes : ces emplois ce ne sont pas des statistiques ou des variables d’ajustement pour faire grimper la « profitabilité », ce sont des vies. Celles des salariéEs qui risquent de les perdre, celles des privéEs d’emplois et des jeunes qui galèrent de CDD en intérim. Le gouvernement et les dirigeants des entreprises sont prêts à sacrifier nos vies pour leurs profits, exigeons qu’ils sacrifient leurs profits pour préserver nos vies. Les leçons de ces dernières années et de ces derniers mois, c’est que nous n’y parviendrons pas boîte par boîte ou secteur par secteur : c’est pour cela que la manifestation du 30 juin à l’appel des Ford doit être une première étape de la construction d’un mouvement « Tous et toutes ensemble contre les licenciements ».
Cathy Billard