C’est ainsi que commence le communiqué de presse des 23 salariéEs de la société de nettoyage TFN, qui pendant 8 semaines de grève ont tenu tête à cette multinationale.
Même si ils n’ont pas obtenu tout ce qu’ils souhaitaient, ils ont fait céder leur patron sur de nombreux points, et dans un secteur où les conditions de travail (et de lutte) sont très difficiles, le mouvement des TFN a été exemplaire.
Le scandale des sociétés de nettoyageTout comme celle des salariéEs qui travaillent à la BNF, cette grève dans 4 des 30 sites des Finances publiques à Paris vient nous rappeler non seulement le comportement scandaleux des sociétés de nettoyage comme TFN ou ONET, mais aussi la complicité de l’État français dans la perpétuation de conditions de travail dignes d’un autre âge (voir l’Anticapitaliste n°286 et 288). Car ici, en tant que donneur d’ordre, ce sont bien les Finances publiques qui portent une lourde responsabilité en attribuant le contrat à TFN, une société régulièrement rappelée à l’ordre par l’inspection du travail, voire condamnée aux prudhommes.TFN fait partie du groupe Atalian, une énorme multinationale. Présente dans 16 pays, son PDG compte parmi les 150 plus grosses fortunes de France. Quel contraste entre cette richesse insolente et les conditions de travail des salariéEs. Majoritairement des femmes d’origine africaine, maghrébine et srilankaise, elles triment, entre 2 et 3 heures par jour pour des salaires de 300 à 500 euros mensuels, pour un patron qui ne respecte même pas le code du travail.
Des avancées importantesC’est justement sur le respect du droit du travail qu’une partie l’accord de fin de grève a porté. Après 8 semaines de grève, de manifestations et de rassemblements, ils ont arraché l’engagement de TFN sur des choses pourtant élémentaires comme la rémunération correcte des heures supplémentaires, le remboursement du pass Navigo, l’aménagement des postes de travail des salariéEs handicapéEs, la communication du plan de formation ou l’octroi régulier de tenues de travail.Par ailleurs, ils ont gagné aussi le très important retrait de la clause de mobilité (avec ses déplacements sur différents sites au pied levé), la transformation en CDI de deux CDD, le passage à 16 heures de travail par semaine pour 7 salariéEs, le retrait d’une sanction contre une salariée et le paiement de 60 % des jours de grève.
« Des moments inoubliables »Malgré la déception de ne pas avoir obtenu satisfaction sur certaines revendications, les grévistes sont conscients qu’au-delà des nouveaux acquis, ils ont gagné bien d’autres choses. Comme ils disent eux-mêmes : « Cette grève nous a fait gagner des camarades de lutte, une solidarité sans faille entre nous, des moments inoubliables, lors de nos rassemblements dans tout Paris, des articles dans la presse, des émissions de radio… ».Soutenus par Solidaires et FO, c’est surtout par la CGT des Finances publiques que les grévistes ont été accompagnés pendant tout le mouvement, ce qui les a beaucoup aidés.La détermination est grande à poursuivre la lutte pour obtenir enfin le contrat de 16 heures minimum pour tous, un vrai 13e mois et un passage systématique à un échelon supérieur en fonction de l’ancienneté. C'est avec cette nouvelle confiance que leur communiqué se termine : « Nous ferons tout pour imposer à TFN, le respect du droit du travail. Nous ne lâcherons rien. (…) Dans les chantiers de TFN, les salariés doivent se réunir pour améliorer leur situation. Tous ensemble, on gagnera tout ! »
Ross Harrold