Le 18 mai 2022, le titre Orpea, premier groupe privé de maisons de retraites en France et dans le monde, chutait de 19,17 % à la bourse de Paris, suite à de nouvelles révélations de Mediapart.
Aux scandales mis en lumière par le livre les Fossoyeurs de Victor Castanet, sur les conditions d’accueil indignes et la maltraitance institutionnelle, liés à la soif de toujours plus de profits, s’ajoutent désormais de multiples scandales financiers.
Du côté du Luxembourg
L’enquête menée par Mediapart et le collectif de journalistes « Investigate Europe » établit les liens incestueux existants entre Orpea et la société holding luxembourgeoise Lipany qui a, selon les journalistes, « accumulé 92 millions d’euros d’actifs », « principalement des parts dans de nombreux EHPAD et cliniques gérés par Orpea ».
Lipany est officiellement une société « indépendante » d’Orpea. Elle est néanmoins la propriété de Roberto Tribuno, qui par le plus grand des hasards, se trouve être… l’ancien patron d’Orpea Italie.
L’enquête de Mediapart établit qu’en réalité Lipany opérait en lien étroit avec Orpea via son ancien directeur financier Sébastien Mesnard.
En Italie, deux enquêtes sont ouvertes pour évasion fiscale et fraude au financement public. En France, selon Mediapart, « Lipany a aidé Orpéa a couvrir le versement d’une commission occulte de 700 000 euros à un intermédiaire, tandis que quatorze sociétés détenues par les deux groupes revendiquent dans leurs compte officiels un avantage fiscal auquel elles n’ont pas droit. »
Comme on pouvait s’y attendre, Orpea prétend « découvrir » les faits et porte plainte, tandis que Sébastien Mesnard jouant le rôle du fusible est remercié.
« Secret des affaires » ?
Le nouveau scandale Orpea, n’a rien d’un « accident », dû à quelques individus corrompus, comme voudrait le faire croire la direction du groupe. Il résulte d’un système, où l’accueil et l’hébergement des personnes âgées n’est qu’une occasion de faire toujours plus de cash avec du cash.
L’enquête menée par l’émission « Envoyé spécial » sur un autre groupe, DomusVi, avait montré elle aussi des montages financiers douteux. Ce qui est en cause, c’est la domination de la loi du profit sur toutes les activités humaines, même celles qui devraient en être le plus préservées, une évidence qu’il faut rappeler, au moment où la Macronie s’apprête à poursuivre et accélérer les politiques d’austérité et de privatisation dans la santé.
On se souvient du manque d’empressement de la ministre Bourguignon (devenue aujourd’hui ministre de la Santé) à rendre public le rapport sur les agissements d’Orpea, expliquant que le « secret des affaires » interdisait la publication de certains passages.
Pour mettre fin à ces manipulations financières, à l’exploitation indécente de l’« or gris » et des personnels qui travaillent chez Orpea et dans les autres groupes privés lucratifs, l’omerta sur la gestion de ces entreprises doit être brisée ; le combat pour l’expropriation des actionnaires, la socialisation de ces établissements sous le contrôle citoyen des personnels, des résidents et de leurs familles, des assurés sociaux est plus que jamais à l’ordre du jour.