Publié le Jeudi 7 janvier 2016 à 22h06.

Postiers : « La grève de Neuilly-sur-Seine a stimulé la mobilisation dans tout le département »

Entretien. Nous avons rencontré Xavier Chiarelli, secrétaire départemental adjoint de SUD Activités postales 92 à propos de la grève des postiers qui se déroule dans le département des Hauts-de-Seine depuis plus de deux mois.

Peux-tu rappeler les principales revendications des luttes dans le département ?

Nous sommes en grève depuis le 29 octobre dernier contre un plan de suppression d’une douzaine d’emplois (sur 75), doublé d’une délocalisation d’une partie du centre hors de la ville, et d’un alourdissement de la charge de travail (auto-remplacement des facteurs en cas d’absences). Au bout de la 3e restructuration de ce type en 5 ans à Neuilly-sur-Seine, les collègues en ont eu marre !

Où en est la mobilisation ?

La grève est majoritaire depuis le début (75 % de grévistes). La direction refuse toute négociation. De temps en temps, ils nous recevaient, mais pour nous dire qu’ils refusaient de discuter de nos revendications, pour expliquer à quel point le projet de réorganisation est justifié, qu’il fallait reprendre le travail…

Après 70 jours de grève, notre mobilisation a passé la période des « calendriers », où une bonne partie des facteurs peut gagner l’équivalent d’un treizième mois en faisant le tour de ses usagers, ainsi que la période des fêtes, ce qui était plutôt rare.

La grève de Neuilly-sur-Seine a stimulé la mobilisation dans tout le département, et nous sommes parvenus, sous l’effet des grèves et des démarches juridiques à imposer à la direction la création de deux tournées à Nanterre, et de même à Gennevilliers. La Poste va même devoir annuler la suppression de 15 tournées et la délocalisation d’une bonne partie des facteurs de Rueil-Malmaison, un bureau qui n’avait pas subi de restructuration depuis 1999, et qui avait été au cœur de la grève de plus de 5 mois l’an dernier. Comme quoi, quand les postiers de plusieurs centres s’entraident, ça porte ses fruits.

De nombreuses luttes se succèdent en régions. Quels en sont les axes ?

De plus en plus, les grèves ne se déclenchent plus seulement au moment de l’annonce de projets de restructuration ou de leur mise en place, mais aussi après : les facteurs n’en peuvent plus de subir restructuration sur restructuration, et finissent par poser la sacoche parce que les conditions de travail deviennent insupportables. Il y a de plus en plus de grèves où les postiers réclament la re-création de tournées, comme dans le 78 où les collègues de 5 communes du secteur de Saint-Germain-en-Laye ont fait grève entre le 10 et le 21 décembre.

Avez-vous pu établir des liens, des convergences ?

En novembre, les facteurs de Clichy, Châtenay-Malabry, Puteaux-La Défense, Colombes, La Garenne/Bois-Colombes, Courbevoie se sont mobilisés aux côtés des Neuilléens contre un projet qui consistait à obliger les facteurs à travailler en heures supplémentaires quasi gratuites pour combler le sous-effectif. Quand la direction a commencé à entrevoir la possibilité d’un effet boule de neige, elle a suspendu son projet et annoncé que la distribution des professions de foi électorales pour les régionales serait payée dans tout le département. Une exception car la spécialité de La Poste un peu partout, c’est d’imposer de nouvelles tâches et même de nouveaux métiers (apporter les médicaments ou le pain aux usagers, ou même sortir leur chien !)... sans pour autant payer un centime aux facteurs !

Nous nous sommes mobilisés côte à côte le mois dernier avec nos collègues du 78 en intersyndicale FO-CGT-SUD. Une expérience importante car les conditions de travail y sont différentes : la direction a fait passer beaucoup plus de réorganisations et les grèves y sont plus rares. Mais leur lutte a été la preuve qu’une mobilisation simultanée de plusieurs bureaux était possible, y compris dans des régions où ce n’est pas une tradition. L’avenir appartient à ce type d’alliances, au-delà des frontières syndicales ou entre régions.

Les perspectives en ce début 2016 ?

Notre directeur départemental – qui avait juré qu’il aurait la tête de SUD Poste 92 et qu’il ferait passer toutes les réorganisations pour faire du 92 un département comme un autre – est parti précipitamment fin décembre. Il faut dire qu’il s’est fait écraser, avec nos 52 % aux élections au Conseil d’administration. Son remplaçant vient d’arriver, on va voir… Nous sommes prêts à tenir grâce à la caisse de grève, et vu le grand nombre de réorganisations prévues en 2016, la possibilité d’un départ en grève simultané de plusieurs bureaux est réelle. Nous allons populariser l’objectif d’une mobilisation de tous les postiers au niveau national contre les suppressions d’emplois et pour l’augmentation des salaires.

Propos recueillis par Robert Pelletier

Pour aider financièrement les grévistes :

- caisse de grève en ligne

- chèques à SUD Poste 92, 51, rue Jean-Bonal, 92250, La Garenne-Colombes (mention solidarité grévistes au dos)