Publié le Samedi 9 mai 2020 à 10h05.

Première riposte aux restructurations de l’alliance Renault Nissan

La grève est entrée dans son troisième jour dans l’usine Nissan de Montcada i Reixac près de Barcelone. C’est une usine de près de 300 salariés qui fabrique notamment des pièces pour les pick up. La reprise de la production avait été fixée ce jour pour répondre à une commande de Mercedes pour qui un véhicule utilitaire était produit dans l’usine. Tous les syndicats appellent à la grève, notamment les « commissions ouvrières » qui soutiennent une orientation générale d’adaptation à la crise, et la CGT, en Catalogne, syndicat anarchiste.

La grève impacte maintenant directement le fonctionnement de la grande usine Nissan de la zone de libre échange de Barcelone. Dans cette usine qui emploie plus de 3.000 personnes, y sont produits les véhicules utilitaires de la gamme Nissan. L’intégration entre outils de production de Nissan et Renault laisse prévoir des prochains problèmes d'approvisionnement aussi pour les usines Renault.  Plus de 600 suppressions d’emplois avaient déjà été planiflées par Nissan dans les deux usines de la région de Barcelone l'année dernière.

En fait, les motifs de la grève sont une réponse aux choix de l’alliance Renault Nissan, engagée dans un plan global de restructurations. Celui-ci a pour but de restaurer les profits des deux firmes afin de solder les comptes du patron escroc Ghosn sur le dos des salariés. L’amplification de la crise consécutive à l’épidémie mondiale du coronavirus ne peut qu’aggraver les mesures déjà envisagées et préparées depuis le début de l’année

L’alliance Renault Nissan discute d’une nouvelle répartition des rôles entre chaque firme, chacune devant être désignée comme leader, ou même laissée seule à opérer dans une zone géographique ou un domaine technique. La décision de Renault de cesser ses activités de production de voitures essence ou diesel, en Chine est la conséquence de cette nouvelle politique. Et pour Nissan la conséquence pourrait être un abandon de l’Europe pour concentrer la marque en dehors du Japon sur la Chine et les États-Unis. 

C’est pourquoi les menaces qui pèsent sur les implantations industrielles de Nissan en Espagne sont dans ce contexte très sérieuses. Avec aussi des conséquences en France où des voitures Nissan sont assemblées à l’usine de Flins.

«Sans tabou» avait prévenu il a quelques mois Renault. Nous y voilà, avec dans quelques jours le plan de deux milliards d’économies précisées pour Renault.

La grève dans cette usine de Montcada i Reixac après plusieurs semaines de confinement, pourtant a priori peu propices à la discussion collective nécessaire, est un signe qu'une résistance ouvrière se maintient. Cette grève est une première riposte aux décisions et plans des  nouveaux dirigeants de l’alliance Renault - Nissan.