À Air France, après sept journées de grèves en six semaines, la direction a accepté d’ouvrir des négociations sur des augmentations salariales. C’était la première étape réclamée par l’intersyndicale représentant tous les métiers de la compagnie.
La première réunion de négociation a commencé le jeudi 12 avril, quelques heures avant l’interview de Macron sur TF1. Coïncidence ? On peut se le demander. Alors que le gouvernement est confronté à plusieurs dossiers brûlants (loi immigration, cheminotEs, ZAD…), la mobilisation à Air France est un autre front chaud, d’autant que la question salariale se pose partout dans les entreprises et administrations. L’État conservant une forte présence dans l’actionnariat et le conseil d’administration d’Air France, des consignes venues d’en haut sont probables.
Manœuvres du DRH
La première bataille pour l’intersyndicale a été d’être accepté au complet à la table des négociations, la direction et les syndicats hors intersyndicale voulant exclure les non-représentatifs. Mais l’intersyndicale a tenu bon, montrant sa cohésion, et a réussi à s’imposer. Elle a alors assisté à un grand numéro de Gilles Gateau, DRH de la compagnie. Celui-ci n’a cessé d’occuper le temps, allongeant la discussion, embrouillant les représentants des personnels. Cela fera même dire à des représentants des salariéEs : « Il a pas volé son salaire, celui-là ! » Et on voit bien là le rôle d’un DRH, loin de la rhétorique sur « l’épanouissement des collaborateurs » : il s’agit de tromper les syndicalistes pour voler aux salariéEs leur juste part.
Ça ne fait pas du tout le compte
La direction a finalement fait une proposition inacceptable, proposant un accord d’augmentation sur 2019-2021, bien en deçà des revendications de l’intersyndicale. Alors que c’est bien maintenant que les salariéEs ont besoin d’augmentation, pour rattraper au moins le pouvoir d’achat perdu avec l’inflation depuis 2012. Et cela ne comblera pas la perte de salaire horaire subi avec les hausses de productivité (perte de congés, de jours de repos…). Les grèves prévues les 17, 18, 23 et 24 avril sont donc maintenues. L’intersyndicale reste soudée autour de ses revendications. La mobilisation va donc se poursuivre, à son rythme, et rester un autre front à gérer pour le gouvernement.
Correspondant