Alors que les constructeurs automobiles se défont d’un nombre croissant d’activités à coup de filialisation, de recours à la sous traitance et d’externalisation, Renault vient de trouver 5 millions d’euros pour acheter 40 % des parts du groupe de presse autour du magazine économique Challenges.
Pour justifier cet achat on nous raconte une fable. Le patron de Challenges, Claude Perdriel, se trouverait d’une passion récente pour les prochaines voitures autonomes sans conducteur, et Carlos Ghosn, le PDG de Renault, chercherait comment faire passer le temps aux occupants de voitures sans chauffeur qui rouleront au plus tôt dans quinze ans. Âgé de 91 ans, le propriétaire de Challenges ne pourra pas voir les dites voitures autonomes en circulation massive sur les routes, contraintes biologiques évidentes. Propriétaire pendant quarante ans du Nouvel Observateur avant de le vendre, il a largement financé ses aventures dans la presse par ses revenus tirés de son invention du sanibroyeur pour les toilettes, à l’origine de juteux dividendes tout au long de sa vie. Pas exactement les domaines de l’innovation automobile.
En France, les gros PDG veulent tous posséder des journaux comme relais d’influence pour leurs affaires et aussi pour faire leur propre promotion. L’avionneur Dassault possède le Figaro, le dirigeant de Free possède Le Monde, et celui de SFR, Libération et l’Express. Pour le richissime Paulina, c’est Le Point, etc...Pas étonnant que Ghosn se dise : Et moi, et moi.. ! Cette entrée de Renault dans les affaires de la presse s’explique d’abord par la volonté de disposer d’un relais d’influence pour vanter les bienfaits de l’automobile, de Renault et plus particulièrement de son PDG. 5 millions d’euros pour que Carlos Ghosn dispose comme ses collègues PDG milliardaires d’un journal à sa botte : voilà où passent les bénéfices réalisés à partir de notre travail à tous. Assez de leurs fables...