À l’heure où nous écrivons ces lignes, l’assemblée générale des grévistes réunie mardi 14 avril après-midi a décidé majoritairement de continuer le mouvement... Cela contre l’avis de la grande majorité des organisations syndicales qui appelaient à arrêter la grève. Seule la CGT a décidé de maintenir son préavis. Et pourtant...
La veille, grosse assemblée générale. Un médiateur, Dominique-Jean Chertier, nommé en milieu de semaine dernière, a rendu ses propositions à la veille du week-end, et l’assemblée générale doit décider de la poursuite de la lutte. Les syndicats se déclarent déçus par les propositions du médiateur. Il y a de quoi...
Hésitations syndicales et détermination des grévistesSa principale proposition consiste à demander l’arrêt de la grève pour discuter des modalités de la mise en œuvre du plan Gallet avec, au cœur, le plan de suppression de 330 emplois et l’engagement de créer 30 emplois pour la communication. Cependant, on sent des hésitations au sein de l’intersyndicale sur la poursuite du mouvement. Pour certains, l’obtention d’un médiateur est un désaveu de Gallet dont tout le monde exige la mise à l’écart, et la longueur de la grève peut commencer à peser sur la détermination des grévistes. Mais, après la présentation du projet avancé par le médiateur, la simple évocation de la suspension de la grève est accueillie par un bruyant tollé. Et lundi après-midi, après consultation des salariéEs des radios locales, la poursuite du mouvement est votée dans la foulée à la quasi-unanimité moins douze contre et une vingtaine d’abstentions. Certes on sent des hésitations et des tensions, mais la volonté de continuer, de ne pas céder, alors que quasiment rien n’a été obtenu, est forte.
Sous le Gallet, la FleurManifestement dépité de la poursuite du mouvement (mal informé ?), le pouvoir tente alors une intervention de déminage. La ministre Fleur Pellerin débarque discrètement à la Maison de la Radio pour rencontrer l’intersyndicale, espérant peut-être ainsi la faire échapper à la pression des grévistes. Quelques dizaines de grévistes encore présents en début de soirée « surveillent » de l’extérieur la rencontre avec la ministre et Gallet.Une réunion vite écourtée par la ministre qui est venu dire qu’elle soutenait complètement le plan du médiateur. Gallet reste muet durant la réunion. Il est vrai qu’il est très prude... Et à la sortie de la réunion, Fleur Pellerin lui fera une démonstration de comportement, serrant soigneusement les mains de tous les grévistes qui attendaient à la sortie, leur demandant quel est leur métier... pendant que Gallet, sorti de la salle en regardant fixement la moquette dans les yeux, maintient ouverte la porte de l’ascenseur...Mardi 14 avril au matin, à l’heure habituelle de l’assemblée générale, il n’y a que quelques dizaines de grévistes qui s’attardent devant la porte et dans les couloirs. Une commission « actions » se réunit pour préparer des initiatives pour les jours suivants. Tout le monde sent bien qu’il faut « faire sortir la grève de la maison ronde ». Interventions dans les émissions, banderoles, lâcher de ballons, interventions dans des lieux publics (gares, Opéra, grands magasins, etc.). Les modalités sont discutées, les tâches réparties. Ces actions sont proposées à l’assemblée générale, et s’il y accord sur les propositions il est plus compliqué de trouver suffisamment de monde pour y participer.
Continuer mais comment ?Mais le principal débat porte sur la poursuite de la grève. De la plupart des interventions ressort l’idée qu’il est impossible d’arrêter maintenant le mouvement. En même temps, tout le monde voit bien qu’il faut hausser le niveau de la mobilisation, la rendre plus visible. Avec l’intervention de Fleur Pellerin, le gouvernement délégitime Gallet et fragilise le médiateur. Mais il n’est manifestement pas prêt à céder sur les revendications. L’austérité doit s’appliquer partout.Au sortir de l’assemblée générale du mardi après-midi, le mouvement, très fragilisé, les grévistes toujours combatifs, ont besoin plus que jamais du soutien de l’ensemble des forces syndicales et politiques, cela quelles que soient les suites. Reste à l’organiser concrètement. Très rapidement.
Robert Pelletier