Face à la direction de Renault qui met en œuvre son plan d’économies de 2 milliards d’euros et 4 600 suppressions de postes en France (15 000 au total dans le monde), les salariéEs du site d’ingénierie de Renault Lardy (Essonne) ne restent pas l’arme au pied. Depuis le mois de juin, les débrayages se multiplient dans ce centre technique spécialisé dans la conception des moteurs du groupe. Après une mobilisation réussie début janvier, les salariéEs ont récidivé à l’appel de la CGT et de Sud, jeudi 4 mars, pour manifester leur colère et s’organiser contre les plans de la direction.
Sous couvert de crise liée au Covid et de mauvais résultats du groupe, les attaques patronales s’accumulent. En un an, plus de 500 salariéEs du site de Lardy ont été jetés dehors, surtout ceux des entreprises prestataires, auprès desquelles Renault sous-traite les licenciements. Ces « prestas », virés du jour au lendemain, ne sont même pas intégrés au décompte macabre des suppressions de postes prévues par la direction.
Les raisons de la colère
Mais les Renault sont également touchés. Pour remplir les objectifs de son plan de départs « volontaires » dont personne ne veut (car qui accepterait de perdre son boulot aujourd’hui ?), la direction pousse les salariéEs vers la porte, en distinguant les postes pérennes et ceux voués à disparaître. Le message est clair : acceptez la rupture conventionnelle collective et partez tant que vous le pouvez !
Et ce n’est pas tout : sous prétexte des pertes enregistrées en 2020, Renault a récemment annoncé que les AGS (augmentations générales des salaires) seraient nulles cette année. Un coup dur pour les salariéEs, notamment celles et ceux que les patrons ont obligés à venir travailler sur le site pendant le premier confinement, sans masques ni mesures sanitaires. Autre coup dur, la direction de Renault impose à présent un jour de chômage partiel par semaine à touTEs les salariéEs de Lardy (mais aussi sur d’autres sites) de mars à août 2021, et leur vole des congés en « contrepartie ».
Mais c’est surtout la question de l’avenir du site qui a fait discuter (et bouger) les salariéEs ! Alors que la direction de Renault ne donne aucune information sur la suite des activités sur le site après 2024, la découverte d’un mail de Bruno Le Maire à un élu local a attisé les braises. Il y explique que Lardy n’est pas directement menacé aujourd’hui, mais qu’en cas de fermeture, les salariéEs seront reclassés ailleurs en Île-de-France ! En voulant rassurer les politiciens de l’Essonne, le ministre des licenciements a surtout mis en colère les salariéEs…
Une mobilisation qui en appelle d’autres
Ils étaient donc près de 130 à débrayer ce jeudi (sur place et à distance – télétravail oblige !). Rassemblés devant le site, les salariéEs Renault et les prestataires ont dénoncé le plan d’économies et ses fausses justifications : ce n’est pas la transition énergétique ou la crise qui pousse ce groupe multinational à supprimer des postes. Cette restructuration était envisagée de longue date par les patrons pour augmenter leur « marge opérationnelle » et les dividendes des actionnaires.
Le plan d’économies Renault est d’ailleurs accompagné par l’État et son plan de relance, qui subventionne l’entreprise avec un prêt garanti, une copieuse prime à la casse ou son dispositif de chômage partiel – aux frais des contribuables ! Comme quoi « l’argent magique », que Macron n’a pas pour embaucher dans les hôpitaux ou les autres services publics, ne manque pas quand il s’agit d’assister les groupes du CAC 40.
DéterminéEs à ne pas se laisser faire, les salariéEs mobilisés veulent désormais accentuer la pression sur Renault et obtenir des réponses claires. Pas question de laisser la direction distiller les annonces au compte-goutte et vider peu à peu ce site. Personne au chômage : du travail, il y en a pour tout le monde ! Pour se faire entendre, ils prévoient déjà de futures actions, à Lardy et ailleurs.
En effet, les licenciements et les suppressions de postes, que les capitalistes multiplient actuellement constituent une offensive globale. Entre les salariéEs de l’automobile menacés comme ceux de Renault Flins, de l’usine de moteur PSA de Douvrin (Pas-de-Calais) ou de Bosch Rodez (Aveyron), les prestataires de service comme Elior (présents au débrayage, ils ont dénoncé le PSE qui les menace) ou les entreprises touchées par les « licenciements verts » comme la raffinerie de Grandpuits (Seine-et-Marne), les salariéEs Lardy comptent bien s’adresser à d’autres pour engager la riposte contre la casse sociale.