Publié le Mercredi 24 février 2021 à 16h05.

Renault veut continuer à bloquer les salaires

Renault a annoncé huit milliards d’euros de déficit pour l’année 2020. Un chiffre qui veut effrayer et préparer à de nouveaux sacrifices pour les seuls salariéEs qui ont continué à travailler en pleine pandémie.

Les comptes d’une méga-entreprise mondialisée comme Renault mélangent l’argent qui est versé aux salariéEs ou qui provient des ventes de voitures avec tout ce qui est valorisé à partir de revenus d’actions cotées en bourse, d’évaluation largement au pifomètre des coûts des machines et des installations, des provisions pour les dépenses futures, etc. Les comptes consolidés d’une méga-entreprise n’ont rien a voir avec le budget d’un ménage.

Les huit milliards d’euros sont l’addition de cinq milliards d’euros imputables au déficit de Nissan, de un milliard d’euros de frais de restructuration à venir et de deux milliards directement liés à une perte d’exploitation de Renault. Et même ces deux milliards d’euros devraient être analysés en observant vraies dépenses, vraies recettes et vrais tripatouillages.

Pendant l’année 2020, et le Covid-19, la baisse des ventes d’automobiles de Renault a été du même ordre de grandeur que celle de tous les autres constructeurs automobiles, aux environs de 20%.

Le poste le plus important de la perte est donc celui du déficit de Nissan dont Renault est actionnaire. Les actions, cela monte et cela baisse : pendant 20 ans Renault, pour le bénéfice de ses propres actionnaires, a encaissé des dividendes en provenance de Nissan pour des montants se chiffrant en dizaines de milliards d’euros. Et en 2020 c’est l’inverse.

L’essentiel du déficit, sept milliards sur huit, a été constaté au premier semestre de l’année 2020. Le second semestre a été bénéficiaire pour Renault, avec même une marge opérationnelle de 3,5%. Ce résultat provient d’une accélération du plan d’économies de De Méo réalisé à plus de 60% alors que seulement 30% étaient prévus pour l’année 2020.

Renault utilise ces résultats pour expliquer le refus de toute augmentation générale des salaires, La dernière  réunion de « négos » salaires s'est tenue aujourd'hui chez Renault. 0% d'augmentation générale, 0% d'augmentations individuelles (seule 0,2 % pour l'ancienneté légale et quelques passages de coeff. 400 et « cadres »). La seule exception concerne les dirigeants dont les rémunérations et les augmentations individuelles ne sont pas rendues publiques. Alors qu'ils sont responsables et coupables !

En plein covid les travailleurEs ont continué à travailler au mépris de leur santé ! Une augmentation générale des salaires, ce n’est que justice ! C'est une exigence qui monte dans tous les établissements.