Philippe Wahl n’a cessé de le déclamer sur tous les tons : la crise sanitaire offre de « formidables opportunités » de marchés. Mais le cynisme du PDG de La Poste ne se limite pas à cet aspect. Il s’agit également de profiter de la situation pour accélérer les politiques mises en œuvre, depuis des années, par le siège : les suppressions de postes et ce qui en découle, à savoir la dégradation des conditions de travail et du service rendu à la population.Dans certains secteurs, l’activité a repris tambour battant. C’est particulièrement le cas pour le colis, depuis déjà des semaines. On atteint même des volumes de trafic dignes de périodes de fin d’année. Les agentEs sont bien loin d’être en nombre suffisant, alors que la situation est déjà très tendue en période « normale ».C’est dans ce contexte que des milliers de CDD et d’intérimaires voient leur contrats ou missions ne pas être renouvelées, alors qu’« en même temps » la direction se vante de l’embauche de 2 000 saisonnierEs cet été !
Mais La Poste ne compte certainement pas s’en tenir là. 20 000 postes ont été supprimés ces cinq dernières années. C’est énorme, mais c’est encore trop peu pour les dirigeants. La pérennisation de l’actuelle organisation « transitoire » de la distribution du courrier, avec seulement 25 % des effectifs le samedi, permettrait de détruire brutalement près de 10 000 emplois de plus.
La situation ouvrant le champ des possibles, il n’est pas interdit de penser que ce qui était jusqu’alors tabou, c’est-à-dire des vagues de licenciements collectifs, serait levé dans un avenir relativement proche.
Ne pas rester l’arme au pied
Wahl et consorts ne se contentent pas d’avoir des perspectives, ils fourbissent leurs armes pour les mettre en œuvre. C’est ainsi qu’un décret taillé sur mesure est récemment tombé. Il réduit les délais de réalisation des expertises diligentées par les CHSCT de 45 à 11 jours. Pratique, au moment où une vingtaine de CHSCT ont voté des expertises concernant le projet de réorganisation en cours chez les factrices et les facteurs.Face à cela, on ne peut malheureusement pas dire que les réactions syndicales soient à la hauteur de manière globale. Pour l’instant, seule la fédération Sud PTT appelle à une grève nationale, le 16 juin, jour de la mobilisation de la santé. Il y a pourtant aujourd’hui urgence, au-delà des sigles syndicaux, à organiser l’unité et la convergence, pour se dresser contre les fossoyeurs du service public postal.