Publié le Mercredi 11 septembre 2019 à 13h09.

Salarié-E-s jetables chez Deliveroo

 « Nous vous notifions par la présente la résiliation de votre contrat de prestation de services souscrit le 28/11/2018. En application des stipulations du contrat, cette résiliation prend effet avec un préavis de 21 jours. » : voici un extrait de la lettre recommandée qu’a reçue Nassim Hamidouche, livreur pour Deliveroo, le 3 septembre. Pas d’appel téléphonique, pas d’entretien préalable, une simple lettre. Aucune faute n’est reprochée au livreur, qui soupçonne en revanche Deliveroo de vouloir se débarrasser de lui car il fait partie de celles et ceux qui, cet été, se sont mobilisés contre les nouvelles conditions tarifaires imposées par Deliveroo à ses « prestataires ». 

Pour le Collectif des livreurs autonomes parisiens (Clap), aucun doute : « Un mois de mobilisation des livreurs parisiens et la seule réponse de la direction de Deliveroo aura été de virer l’un des principaux leaders de la contestation ». La direction de l’entreprise nie bien évidemment toute forme de répression, et explique que Nassim aurait « à plusieurs reprises indiqué avoir livré des plats aux consommateurs qui n’étaient en fait pas livrés », ce que l’intéressé conteste. Un ancien du Clap, cité par le Monde, a une toute autre version : « Nassim est l’un des leaders des grèves. Et comme il travaille beaucoup, qu’il est posé, les livreurs l’écoutent. C’est pour cela que Deliveroo s’attaque à lui. » 

Ainsi va le merveilleux monde des plateformes de livraison, dans lesquelles, malgré un lien de subordination évident, les livreurEs ne sont pas des salariéEs de l’entreprise et ne sont, dès lors, pas protégés par ce qui reste de garanties dans le code du travail. Et lorsque certainEs osent se mobiliser pour défendre ou revendiquer des droits, c’est la brutalité qui est de mise, avec des « déconnexions » arbitraires qui plongent des individus dans des situations des plus difficiles. « Ils ont l’impression que j’ai 15 ans et que c’était un petit métier où je faisais une heure par jour. Mais j’ai 35 ans, quatre enfants et c’était ma ressource première », explique Nassim, qui explique qu’il va, dans les semaines qui viennent, engager une action prud’homale avec une demande de requalification du contrat de prestation en contrat de travail. Avec, évidemment, tout notre soutien.