Publié le Mardi 13 octobre 2020 à 09h40.

Situation au bureau de Poste de Boulogne-Billancourt (92)

En cet automne, la situation à la Poste dans le 92, et dans son plus gros bureau (Boulogne-Billancourt) est marquée par la lutte pour conserver des conditions de travail décentes, ainsi que par la crise sanitaire avec la deuxième vague de la pandémie de Covid.

Sur le front syndical, une bataille judiciaire a été engagée depuis la fin du confinement et pendant tout l’été pour revenir à nos organisations de travail et plannings pré-Covid. Au plus fort de la première vague, confrontée à un très grand nombre d’absents (arrêts maladies, gardes d’enfants, droits de retrait) et à la baisse d’activité, la Poste avait du se contraindre à passer à 4 jours de travail par semaine, puis à 3. Tout en virant tous les intérimaires et CDDs, soit 20 % des effectifs (seuls les précaires ont pu être mis à la porte, car contrairement aux grandes boites du privé, nos statuts empêchent encore pour le moment tout licenciement collectif et pour d’autres motifs que disciplinaires)

Leur monde d'après

Sitôt sorti du confinement, la boite a lancé une offensive contre nos conditions de travail, en refusant de revenir à nos organisations pré-Covid, et en sortant de son chapeau une usine à gaz, à base de 5 jours de travail par semaine + 1 samedi travaillé sur 4, avec sur ce samedi travaillé la présence de seulement la moitié du personnel … pour se répartir la totalité du travail. Une tentative d’économies sur notre dos, le tout sans donner au CHS-CT la mesure de la charge de travail ainsi engendrée, ce qui a valu à la justice d’invalider cette réorganisation illégale, suite au recours de SUD-PTT. Nous sommes donc revenus en juillet et août au planning de fin de confinement, à savoir 4 jours travaillés (lundi-mardi-jeudi-vendredi), mais avec une charge de travail équivalente à 6 jours, rendant très difficile l’été en pleine chaleur, alors que c’est normalement une période de calme au courrier. Avec en plus une surcharge due à l’explosion des commandes de petits colis (ptrincipalementWish et Ali Express), ainsi que le rattrapage de tous les recommandés non distribués au printemps (courrier administratif, judiciaire, locatif …)

En septembre, nouvelle tentative de passage en force, avec cette fois la volonté de nous faire travailler un samedi sur 2. Après un nouveau recours syndical et une nouvelle défaite, et devant des expertises votées dans tous les CHS-CT du département, la Poste a finalement du céder et revenir enfin à nos plannings pré-Covid à partir de la fin octobre. Ce qui signifie pour nous la remise en place de notre régime de RTT assez favorable, avec des semaines de 6 jours, et 4 jours de repos tous les 18 jours travaillés. Le tout planifié sur un an à l’avance, ce qui facilite l’organisation de notre vie personnelle et de nos congés. En revanche, la bataille continue pour retrouver les 20 % d’effectifs supprimés, tout en ne perdant pas de vue la revendication de SUD de titularisation de tous ces précaires, dont la présence est indispensable à des bonnes conditions de travail, mais dont le statut fragile en fait les premiers à payer la crise.

Toujours le mépris des salariés

Sur le front de la pandémie, la situation se dégrade, comme partout. Après avoir échappé à tout cas positif détecté depuis le début de la crise sanitaire, ce qui est pour le moins surprenant vu que le premier mois s’est déroulé sans aucune mesure (ni masques, ni gel, ni aménagements), nous venons d’apprendre 2 cas en 2 jours, à l’heure où ces lignes sont écrites. Fidèle à son habitude de mépris du personnel et de n’agir que contrainte et forcée, la direction a répondu en refusant de mettre en isolement les cas contacts identifiés de ces collègues, alors qu’il y a parmi eux un précaire n’ayant pas de médecin traitant, et donc pas de possibilité de se faire arrêter sans certificat d’isolement délivré par la médecine du travail. Et surtout, il faut prendre en compte que notre travail est par essence sans réelles distanciations possibles : nous sommes rarement fixés sur un seul poste sans bouger. Même pendant les opérations de tri de notre tournée nous sommes amenés à nous déplacer pour différentes tâches, tout le monde se croisant dans une véritable fourmilière. L’espacement des casiers, le masque et le gel ne sont pas suffisants pour assurer une pleine sécurité. Ajoutons l’aspect physique de notre travail et les cadences non adaptées, qui rendent compliqué pour tout le monde de se discipliner sur le port permanent du masque et le respect des distanciations.

D’autant que la boite n’a aucune crédibilité, oscillant entre le je « m’enfoutisme » sur le respect du protocole ou les sanctions aveugles quand elle veut faire un exemple pour redorer son blason.

Pour éviter un désastre avec un bureau entier contaminé dans les semaines à venir, il n’y aurait pas d’autres choix, comme cela devrait également être fait dans d’autres professions à risque et difficilement adaptables (enseignants, soignants, salariés des transports) que de : tester à intervalles réguliers l’ensemble du bureau et en isolant immédiatement tout cas suspect, en faisant se déplacer les labos sur site ; de distribuer des FFP2 plus protecteurs et confortables que nos simples masques chirurgicaux ; de diminuer les cadences ; et de réduire le nombre salariés présents simultanément sur site, en adaptant en conséquence la charge de travail. Toutes choses dont la Poste a les moyens, mais qu’elle se refuse évidemment à mettre en place et qui ne pourront être obtenus que par des batailles d’ampleur, malgré les difficultés pour envisager celles-ci. Nous n’avons pas à risquer notre santé au travail alors que des mesures élementaires pourraient être prises.

Le combat continue.