Publié le Jeudi 29 octobre 2020 à 17h13.

Suite aux persécutions des syndicalistes de Toyota, l’objectif est de faire changer la peur de camp

Ce jeudi 29 octobre nous nous sommes renduEs au siège de Toyota, près de Valenciennes (Hauts-de-France), où une centaine de travailleurs/ses se sont retrouvéÉs, malgré la pluie incessante, pour soutenir Christophe Bailleul et Edith Weisshaupt.
Ces déléguéÉs de la CGT ont été convoquéÉs par la direction de Toyota qui les avertit de leur licenciement imminent.

Entretenir la peur dans les ateliers

Christophe Bailleul sort de l’entretien avec une certaine inquiétude dans les yeux, il déclare avoir pesé chaque mot, avoir parlé calmement. Edith Weisshaupt, convoquée le vendredi 30 octobre, n’a pas pu se joindre aux camarades ce jour-ci. En ayant contracté le COVID-19, sa convocation a été repoussée au 5 novembre. Les syndicalistes dénoncent une multiplication des cas positifs au sein des employéEs de l’usine et la négligence de la direction qui ne fournit pas les informations pour dépister et éviter la création de clusters. 
Depuis quelques temps, les conditions de travail continuent de se détériorer au sein de ce site industriel où 1700 employéÉs, parmi les 3500 au total, sont embauchéÉs en intérim ou en CDD. La direction a récemment lancé une campagne de recrutement de 300 nouveaux intérimaires ce qui va accroitre encore plus les inégalités et le niveau d’instabilité général de l’emploi.  
Avec plus de 150 milliards de bénéfices en dix ans, le choix de la précarité est incompressible pour les collectifs de travailleurs/ses et leurs représentants syndicaux.
Nous échangeons avec un délégué CGT qui a rejoint Christophe Bailleul à la porte du siège : « c’est comme ça que les patrons souhaitent procéder pour entretenir la peur dans les ateliers ». Dans une période où le moral est au plus bas, il est plus simple de se débarrasser des militants les plus actifs qui pourraient organiser une riposte ouvrière pour faire face aux restructurations qui semblent s’annoncer au royaume du juste-à-temps.

Une guerre pour protéger les profits 

En ces temps sombres, les capitalistes mènent une guerre économique pour garder leurs profits en sacrifiant le monde du travail. 
Après le cas de Bridgestone, les salariés de Toyota ont appris la leçon et savent qu’un sort similaire pourrait leur être réservé. Le fabricant de pneus a en effet récemment annoncé la fermeture prochaine de l’usine de Béthune pour concentrer la production européenne en Pologne. 
Avec des ventes en baisse, Toyota lancera à Valenciennes la Yaris Cross, le nouveau modèle SUV à côté de la version citadine qui est fabriquée sur ce site depuis l’ouverture en 2001. La nouvelle Yaris sera produite également en République Tchèque ce qui inquiète la CGT qui craigne une mise en concurrence entre les deux sites européens avec des conséquences négatives sur l’emploi en France.
C’est à ça que conduit ce système pervers où seul prime le profit et qui met en compétition les travailleurs et les aspirent dans la logique insensée de l’optimisation. 

Éliminer les syndicalistes rebelles dans cette conjoncture pourrait simplifier la mise en place d’un probable nouveau plan social dans le Nord du pays. Celui-ci viendrait s’ajouter aux autres attaques patronales qui ont concerné les travailleurs/ses de Cargill, Bridgestone, Auchan et Agfa. 
Si la dernière grosse grève des salariéÉs de Toyota remonte à 2011, personne ne peut prévoir ce qui pourra se produire.
La situation est tellement conflictuelle qu’une nouvelle insurrection des travailleurs et des travailleuses pourrait faire irruption dans la scène politique. 
Et celle-ci pourrait bien commencer d’ici.