La direction de Technicolor supprime à nouveau des centaines de postes et décapite trois organisations syndicales. Technicolor (anciennement Thomson, privatisé par Juppé en 1996), entreprise française cotée en Bourse, emploie 625 salariés en France sur un total de 2 607 salariés dans le monde (Allemagne, Japon, Pays-Bas, USA). Le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) décidé le premier avril 2010 prévoit la suppression de 25 % des effectifs dont 434 emplois dans les trois sites français : Conflans (Yvelines), 119 postes sur 388, la moyenne d’âge des salariés étant de 54 ans ; Rennes (Ille-et-Vilaine), 182 emplois sur 418 dont l’intégralité de la production (77 postes) ; Brest (Finistère), 26 postes sur 73. Le plan social de Brest est révélateur de ce patronat qui méprise les travailleurs et les instances représentatives. Après un premier PSE en 2007 qui aboutit au licenciement de la totalité des 86 ouvriers de la production, la direction annonce une deuxième charrette en ce début d’année : 26 postes sont concernés chez les techniciens, les cadres et les administratifs. Sur les quatre syndicats présents, CGT, CFDT, FO et CGC, les trois premiers sont tout simplement rayés de la carte. Tous les délégués syndicaux qui négocient en ce moment avec la direction les modalités et montants des indemnités légales et extra-légales du PSE sont virés. Sur les 26 postes supprimés, seize salariés au minimum sont représentants du personnel, élus ou anciennement élus. Les autres travailleurs concernés ont presque tous plus de 55 ans. La grande majorité des salariés travaillent dans cette entreprise depuis plus de quinze ans, 37 années de bons et loyaux services pour la doyenne. La moyenne d’ancienneté à Brest se situe aux alentours de 15-20 ans. Les salaires sont lamentablement bas, 2 000 euros bruts pour les techniciens et 1 500 euros brut pour les administratifs. Les dernières propositions de la direction sont à l’avenant, indécentes : 25 000 euros, toutes primes incluses ou dix-huit mois de salaire selon l’ancienneté.Face à cette barbarie, les salariés se sont mis en grève illimitée à Brest et Rennes. Les slogans « Thomson nous baise en Technicolor », « patrons voyous », « ce n’est pas aux salariés de payer » décorent la route adjacente, un gros feu de palettes et de branchages bloque l’entrée des véhicules. Exaspérés, les grévistes ont décidé de dormir sur place, installant des tentes afin de faire barrage à une éventuelle délocalisation surprise de l’outil de travail. Ils s’organisent par roulement afin qu’il y ait constamment une quinzaine de personnes présentes de jour comme de nuit et envisagent des actions plus radicales. Le patronat et son gouvernement rêvent d’une France sans syndicats, sans droits, où les salariés sont corvéables à merci, Technicolor l’a fait. Reste aux travailleurs de Technicolor à saisir l’inspection du travail et à traîner cette racaille patronale devant les tribunaux afin de contester le PSE, voire de le faire annuler. Correspondant