Ce vendredi 3 février a été rendu public le résultat de l’élection dans les très petites entreprises (TPE) qui se tenait, par correspondance et par internet, du 31 décembre au 13 janvier dernier...
Pour la seconde fois depuis 2012, les 4 millions et demi de personnes employées dans les entreprises de moins de 11 salariéEs, dépourvus par définition de représentation du personnel, et par les particuliers employeurs, pouvaient exprimer la préférence syndicale de leur choix.
Le scrutin n’a pas mobilisé les foules : avec une participation de seulement 7,35 %, en repli par rapport au précédent exercice qui plafonnait déjà à 10,38 %, seuls près de 340 000 d’entre eux se sont exprimés. Dès lors, la lecture des résultats devient toute relative.
Le report de ce dernier scrutin, suite à la contestation acharnée de la participation du STC par la CGT, ainsi que la campagne d’information a minima menée par le gouvernement, ont parachevé ce fiasco. Pourtant, l’élection avait aussi pour enjeu cette année de désigner les futurs représentantEs aux commissions paritaires régionales interprofessionnelles (CPRI), embryon de déléguéEs spécifiques à ces entreprises, instituées par la loi Rebsamen de 2015.
Et à la fin, c’est (quand même) la CGT qui gagne !
Les grandes confédérations ont toutes vu leur audience reculer d’autant, voir davantage, que la baisse de la participation, la CGT conservant de loin sa première place avec 25 % des voix, à 10 points devant la CFDT (qui se voyait détrôner cette dernière), suivie de FO à 13 %.
Le gagnant est incontestablement l’UNSA qui la talonne et voit, elle, son score augmenter de plus de 5 % et de 10 000 voix supplémentaires. Son positionnement sur la loi travail (ni trop pour ni trop contre...), sa forte campagne de communication institutionnelle et son volontarisme en matière d’implantation dans certaines branches, sont ainsi récompensées. La CFTC, ô miracle, sauve les apparences en augmentant son pourcentage... mais en perdant des voix. A contrario, l’Union syndicale Solidaires, qui n’avait pourtant pas lésiné sur une campagne militante, voit son nombre de voix divisé par deux, et le cumul du résultat des deux CNT (qui se présentaient séparément cette année) dépasse Solidaires.
Les suffrages ainsi recueillis seront agrégés à ceux obtenus lors des élections professionnelles organisées ces trois dernières années dans le privé, le tout définissant en mars prochain la représentativité dans les conventions collectives et au niveau interprofessionnel. Outre une démarche de fond d’implantation dans les TPE, le mouvement syndical, plutôt que de se plier à ce simulacre de démocratie, ferait mieux de revendiquer le rétablissement de la seule élection sociale digne de ce nom, les prud’homales, supprimées en 2014 et qui, lors des dernières organisées en 2008, mobilisait encore 25 % des salariéEs, toute taille d’entreprise confondue. Merci le PS !
LD