Les petites entreprises qui ont survécu à la première période de confinement en sont sorties affaiblies et nombre d’entre-elles ne survivront probablement pas à la deuxième. En un an, selon le tribunal de commerce de Bordeaux, les radiations d’entreprises ont augmenté de 20 %, les créations diminué de 8 %. Un commerce sur trois serait menacé d’après Anziani, président de la Métropole, qui vient de décider de consacrer 80 millions à diverses mesures pour tenter de limiter le désastre.
Entre autres mesures, 100 000 bons d’achat ou chèques de 50 euros seront distribués, en lien avec les CCAS, aux personnes les plus en difficulté. Bien insuffisant pour relancer, par la « demande », une activité économique en berne, et encore plus à faire face à une augmentation dramatique de la pauvreté qui ne peut que s’aggraver.
Autre axe d’intervention, le soutien au développement de l’e-commerce, par la mise en place, en coopération avec la Chambre de commerce et d’industrie, d’une plateforme Internet sur laquelle les petits commerçants pourront présenter leurs produits et les clients les commander pour ensuite se les faire livrer, ou les récupérer dans un système de type « drive ». Utiliser Internet peut certes permettre de conserver une partie de l’activité, mais pour beaucoup, cela ne suffira certainement pas à maintenir un chiffre d’affaire viable. Par contre, cette mini « e-révolution », initiée par beaucoup de communes, fait le bonheur des plateformes de livraison, Deliveroo et autres Uber Eats. Profitant de la difficulté qu’ont les jeunes à trouver des jobs, elles embauchent en masse, accentuant la concurrence entre les livreurs. C’est ce que dénonçaient récemment une centaine d’entre-eux rassemblés Place de la Victoire : plus de livreurs, c’est moins de prestations pour chacun d’entre-eux ce qui implique, pour gagner misérablement sa vie, d’aller plus vite, de prendre plus de risques, voire de s’inscrire sur plusieurs plateformes…
Ces mesures, comme les exonérations de cotisations sociales, le report des loyers et des remboursements de crédit, aussi indispensables soit-elles, ne font que retarder les choses. La récession économique a aggravé la précarité des travailleurs indépendants, petits commerçants et artisans, pris à la gorge par les taxes et les dettes. Mettre un coup d’arrêt à leur marche à la catastrophe implique l’annulation de leurs dettes, leur accès à des crédits gratuits, l’assurance d’un revenu minimum au niveau du smic pour chacun de leurs travailleurs, salariés ou pas. Des mesures que nous ne pourrons imposer que par notre solidarité de travailleurs, par nos luttes.
Sans commentaire…
A propos de la situation dramatique des petites commerces, on a pu lire dans Rue89 ces propos de Sandrine Jacotot, tenancière d’un bar à vin dans le quartier des Chartrons et par ailleurs adjointe chargée du commerce et des marchés de la nouvelle majorité écolo-socialiste de Bordeaux : « Avec le confinement, on a vu fleurir bon nombre de commerces éthiques, de fromageries, de nouveaux profils… Certains économistes ont dit qu’on avait fait un bond de 20 ans en avant : j’ai presque envie d’y croire ! À l’orée de 2021, on a peut-être envie d’autre chose que de la prolifération des bars… J’ai confiance en ce que la société souhaite désormais. ». Autrement dit, merci au Covid et à la politique sanitaire policière de Macron, et tant pis pour celles et ceux, innombrables, travailleurs salariés ou non, jeunes ou non, condamnés au chômage, à la précarité, à la surexploitation…