Publié le Dimanche 1 mai 2016 à 09h10.

XPO (ex-Norbert Dentressangle) : La coupe est pleine !

Dans tous les sites de logistique du transporteur, les salariéEs ont fait grève plusieurs jours la semaine dernière.

Le 12 avril, lors du CCE (comité central d’entreprise), la direction générale annonçait une prime d’intéressement de 301 euros brut (274 net) contre plus de 800 l’an dernier. L’intersyndicale CGT-CFDT-FO décidait alors d’appeler sur tous les entrepôts à une journée nationale de grève, sans en préciser tout d’abord la date, revendiquant essentiellement une « prime de reconnaissance » de 800 euros « liée à l’effort fourni par les salariés XPO », et une indemnité « supra-légale » pour les salariéEs que la direction veut licencier sur les sites de Lagny et Monteux.

Mais c’est sans attendre cette journée de grève, ensuite fixée au mardi 19 avril, que des salariéEs du site de Coudray-Montceaux, dans l’Essonne, sont partis en grève le jeudi 14 après-midi. Le mardi 19, la grève touchait presque tous les entrepôts XPO du pays.

Un coup de colère contagieux parce que la coupe est plus que pleine dans tous les dépôts du transporteur où les préparateurs de commandes sont pressurés comme des citrons à la manière de ceux d’autres géants comme Amazon. Déjà du temps de Norbert Dentressangle (ND), c’était le chantage permanent de la direction pour imposer une dégradation des conditions de travail et de salaire, sinon le client (SFR, Carrefour, Nestlé-Purina, Truffaut, etc.) allait « rompre le contrat »...

Le même chantage continue depuis que le fonds de pension américain XPO a racheté ND au prix fort (3,24 milliards d’euros) en juin dernier. Les dirigeants de XPO ont profité de ce changement et de l’inquiétude qu’il suscitait chez les salariéEs pour imposer des conditions de travail encore en baisse, la suppression de pauses, par exemple, grâce à un accord signé avec FO, ce qui ne les a pas empêchés ensuite, et contrairement aux engagements qu’ils avaient pris, de mettre en PSE (« plan de sauvegarde de l’emploi », nouvel euphémisme pour désigner un plan de licenciements) deux sites, Monteux dans le Vaucluse et Lagny-le-Sec dans l’Oise.

Le feu aux poudres

Dans cette situation, l’annonce par la direction de la prime d’intéressement dérisoire pour 2016 a mis le feu aux poudres, d’autant que les anciens dirigeants de ND s’étaient fait octroyer de confortables indemnités de départ (250 000 euros pour l’un d’entre eux...).

Les grévistes ont été confrontés à plusieurs problèmes : la présence dans les entrepôts de nombreux intérimaires dont il a fallu exiger le départ pour que la direction ne les utilise pas contre la grève, avec souvent l’incompréhension de ces derniers ; le manque de liens et de cohésion entre les différents sites qui a permis à la direction générale de refuser toute concession en laissant la direction de chaque site négocier localement ; la répression lorsque les salariéEs, comme à Vatry, dans le Nord, ont empêché les camions de sortir, mais l’affaire n’est pas finie…

En fin de semaine, la grève semblait terminée, certains dépôts continuant la journée de vendredi. Des primes de 200 à 300 euros supplémentaires ont été lâchées localement, et le rattrapage des jours de grève négocié à coups de samedis (un ou plus) travaillés... quand toutefois les salariéEs n’ont pas dit « merde ! » sur ce sujet à la direction, préférant en être de leur poche.

Car, certes, ils n’ont pas gagné mais ils ont montré à la direction qu’ils étaient capables de ne pas se laisser faire et de faire changer la peur de camp.

Correspondants 91