Publié le Vendredi 7 juillet 2017 à 15h06.

Assemblée nationale : la parité ce n’est pas pour aujourd’hui !

Jeudi 6 juillet, le média d’information Brut, présent sur les différents réseaux sociaux, a mis en ligne une vidéo décryptant le temps de parole des femmes à l’Assemblée nationale. Le constat est édifiant : elles occupent 3,58% du temps de parole, alors qu’elles n’ont jamais été aussi nombreuses à l’Assemblée avec 39% des députées. Le plus effrayant étant qu’avant le 5 juillet, aucune femme n’avait encore pris la parole. Le 5 juillet, elles ont été 4 femmes à prendre la parole lors des questions au gouvernement. 4 femmes sur 15, dont la secrétaire d’État à l’égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, qui a vu son micro coupé par le président de l’Assemblée François de Rugy, le temps d’intervention étant maintenant limité à deux minutes pendant les séances de questions aux gouvernement. « La règle est la même pour tout le monde », assure Rugy. Étonnant, quand on sait que que l’on n’a pas entendu la voix d’une femme à l’Assemblé nationale pendant presque 10 jours. Étonnant aussi quand l’intervention de la ministre portait justement sur le droit des femmes… La parité… sauf quand il s’agit de donner aux femmes des responsabilitésC’est à coup de chiffres que le nouveau gouvernement tente de nous faire croire à une Assemblée nationale « jeune et féminisée ». Si 39% des femmes sont députées, aucune n’occupe de poste à responsabilité. Ainsi le président de l’Assemblée est un homme, tout comme les 7 présidents de groupes… Loin d’être une nouveauté d’En Marche, cette situation est la même depuis le début de la Ve République : il n’y a jamais eu de présidente de l’AN ou de présidente de groupe, exception faite de la co-présidence mixte du groupe écologiste entre 2012 et 2017. Si l’on regarde de plus près les différentes instances élues hors Assemblée nationale, on observe certes une tendance vers la parité… sauf quand il s’agit de donner aux femmes des responsabilités : dans les conseils régionaux on a donc 47, 8% de femmes élues pour 16,7% de femmes à la présidence, dans les conseils départementaux 50% de femmes élues pour 9,9% de femmes à la présidence, 40% des conseillers municipaux sont des femmes mais seulement 16% des maires… Par contre, les différences se résorbent quand il s’agit de nommer des adjoints, ou là la parité est presque parfaite. La délégation du pouvoir se fait ainsi de manière sexiste. Ils seront nombreux ceux qui expliqueront à l’envi qu’il y a déjà des quotas en terme de parité et qu’on ne peut pas obliger les femmes à prendre la parole. Pour nous, cette réalité montre comment les femmes sont opprimées dans toutes les sphères de la société. Et que ce gouvernement ne sera pas l’ami des femmes malgré 39% des femmes élues à l’Assemblée nationale, comme il ne sera pas l’ami des personnes LGBTI. Il existe une différence entre l’affichage qui entend faire croire que les femmes sont associées aux prises de décisions alors qu’elles ne sont pas en responsabilité, qu’il n’y a aucune femme dans les ministères régaliens, et qu’après avoir promis un ministère plein et entier, les droits des femmes n’auront eu qu’une secrétaire d’État. Nous n’avons rien à attendre de cette assemblée. Face aux réactionnaires et à ce gouvernement qui continuera de casser nos droits et de casser les services publics, il est temps de reprendre la rue pour ne pas se laisser couper le micro.Mimosa Effe