Le droit à l’IVG, droit fondamental pour les femmes à disposer librement de leurs corps, est remis en question par les réactionnaires de plusieurs pays, notamment dans l'État Espagnol. En France, l’Assemblée nationale a voté ce 21 janvier la suppression de la notion de « situation de détresse » pour une femme voulant demander une IVG.
Elle est remplacée par les termes : « qui ne veut pas poursuivre une grossesse ». Cela conforte le droit à l’IVG pour les femmes, en annulant la demande de « justification » pour avoir recours à l’avortement. La proposition de loi par l’UMP visant au déremboursement de l’IVG a été massivement rejetée.Mais les réacs de tout poil s’emparent du combat anti-IVG en France. En effet, le débat a été houleux et a rappelé que le droit à l’avortement, même 40 après la loi Veil, est encore un droit précaire et controversé. L’UMP (dont la majorité des députés sont membres de l’Entente parlementaire pour la famille) considère en effet que la suppression de la notion de « détresse » conduira à une « banalisation de l’avortement ». L’extrême droite a invoqué la « morale » par des élucubrations de Jean-Marie Le Pen et Bruno Gollnish dignes du code civil de 1810 : « Il faut convaincre les femmes de notre peuple de l’absolue nécessité d’assumer leur fonction de reproduction. »
Des droits à défendre et à étendreMalgré l’avancée de ce vote, l’accès à l’avortement reste difficile en France faute de moyens financiers, de structures et de médecins le pratiquant. En effet, la clause de conscience qui permet aux médecins de refuser de pratiquer l’IVG est maintenue ; l’IVG reste donc un acte médical « d’exception » reposant principalement sur des médecins militantEs. Le délai de 7 jours de « réflexion » après la première consultation est toujours obligatoire (pouvant être réduit à 2 jours en cas d’urgence). Et surtout, la poursuite par le gouvernement actuel du plan d’austérité HPST entraîne un accès de plus en plus réduit à l’avortement. Ainsi, entre 2004 et 2012, c’est près de 130 centres IVG qui ont été fermés en France !Si la légalité du droit à l’avortement est aujourd’hui difficilement discutable pour les anti-IVG, ils s’attaquent à sa légitimité, en tentant de le restreindre toujours plus. Parler d'« acte banal » en parlant d’avortement sous-entend une ignorance totale sur celui-ci.« La Marche pour la vie », groupe anti-IVG, a manifesté à Paris dimanche 19 janvier pour inciter le gouvernement français à prendre exemple sur l’État espagnol. Ce groupe, qui s’était rallié en 2013 à la Manif pour tous, a rassemblé dans ses rangs plusieurs milliers de personnes derrière des slogans conservateurs et anti-IVG. Cette manifestation a été soutenue par l’Église catholique, dont le pape a rappelé « l’horreur » que suscite en lui l’avortement et incité les gouvernements à « défendre les familles ».Face à ces attaques et en solidarité avec les femmes espagnoles, une manifestation est organisée le 1er février à Paris et dans plusieurs villes, pour dénoncer les attaques contre le droit à l’IVG en Espagne et dans le monde, ainsi que le refus du droit des femmes à disposer de leur corps. Elles sont appelées par des organisations féministes, syndicales et politiques. Une manifestation aura lieu le même jour à Madrid.Ainsi que l'a écrit Simone de Beauvoir : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. »
Jessica Ibre