Publié le Mercredi 9 octobre 2024 à 09h00.

Construire une gauche de rupture féministe

À l’échelle mondiale, l’oppression patriarcale permet aux capitalistes de tirer des milliards du travail gratuit effectué par les femmes. En effet, le système capitaliste se maintient notamment par l’exploitation et l’oppression des femmes.

Notre féminisme est profondément anticapitaliste. Ainsi, il faut discuter ensemble de mesures qui ne seront pas uniquement de l’ordre de la réforme mais qui viendront transformer en profondeur notre société ! La révolution sera féministe ou ne sera pas !

 

Construire un mouvement unitaire et internationaliste

Construire une gauche de rupture impose de la construire sur des bases féministes. Aujourd’hui, cela signifie défendre l’unité dans le mouvement féministe, en particulier entre les organisations féministes plus traditionnelles, les collectifs plus « radicaux » ou plus récents, les associations de quartier… C’est aussi l’unité entre le mouvement féministe autonome et les organisations traditionnelles du mouvement ouvrier comme les syndicats sans qui, par exemple, l’appel à la grève du 8 mars ne pourrait à l’heure actuelle avoir autant d’impact. Dans ce cadre, nous devons par ailleurs défendre le droit de chacune à disposer de son corps comme elle l’entend et lutter contre toute transphobie.

Enfin, notre féminisme est internationaliste, car la lutte des femmes va au-delà des frontières et se doit de refuser toute oppression coloniale et impérialiste !

 

Assurer nos droits reproductifs et garantir notre autonomie 

L’avortement est un combat de chaque instant : il s’agit en fait de garantir l’accès à nos droits, d’exercer notre autonomie, de choisir pour et par nous-mêmes quand et comment fonder une famille si nous le voulons. Il s’agit de nous libérer du processus de domination masculine qui voudrait nous enfermer dans la sphère privée et familiale.

Pour cela, le droit à l’IVG s’accompagne nécessairement du libre accès à la contraception. Là aussi, il faut avancer : si la gratuité de la contraception pour les femmes de moins de vingt-cinq ans est évidemment une bonne nouvelle, il faut quand même rappeler que, passé cet âge, les femmes ne sont pas magiquement protégées d’une grossesse non désirée. 

Ce n’est pas non plus un cap fatidique où on désirerait d’un coup avoir un enfant. Il faut garantir à toutes les femmes l’accès gratuit à la contraception, et le libre choix de cette dernière !

 

Défendre nos salaires et nos retraites, développer les services publics

Les femmes sont encore moins bien payées que les hommes (en moyenne 22 % de moins), mais elles occupent aussi le plus souvent les métiers du care (« soin » au sens large) et représentent 80 % des temps partiels. Il faut lutter contre la précarité, qui est trop souvent le terreau de violences économiques à l’encontre des femmes. Pour cela, on doit avancer des revendications sociales qui seront directement et en premier lieu profitables aux femmes : la diminution du temps de travail, la fin des temps partiels imposés, l’augmentation des salaires, l’abrogation de la réforme des retraites et la revalorisation des métiers dits féminisés et des retraites des femmes. 

En parallèle, il faut aussi développer et continuer à défendre les services publics : ouvertures de crèches, de classes, embauches à l’hôpital ou dans l’enseignement. La crise économique en cours accélère la précarisation et l’exploitation des femmes au travail (en particulier dans le secteur du travail dit « reproductif » où elles sont majoritaires : santé, éducation, service de nettoyage, employées de commerce) et, en fragilisant l’autonomie des femmes, les expose à de plus grandes violences, tant sur le lieu de travail que dans leur vie privée

 

Lutter contre les violences sexistes

Toutes les femmes sont concernées par les violences sexistes, à tous les âges, dans tous les lieux, dans tous les milieux et à tout moment. Et il n’y a pas de formule magique ou de mode d’emploi pour s’en protéger individuellement. La violence qui s’abat contre nous peut être verbale, physique ou sexuelle, menant parfois, comme pour plus de 100 femmes en France chaque année, au féminicide. À cela s’ajoute pour les femmes racisées, les femmes transgenres, les femmes en situation de handicap ou en grande précarité, pour les femmes lesbiennes et bisexuelles, les violences racistes, transphobes, homophobes, handiphobes et de classe.

Ces violences sont ancrées, permises et autorisées dans un système de domination et d’exploitation patriarcal meurtrier. La gauche que nous défendons doit sans répit lutter contre les violences patriarcales, dans toute la société et y compris à l’intérieur de son propre mouvement.

En définitive, notre féminisme doit refuser de céder le moindre terrain aux réactionnaires. Notre féminisme doit refuser l’instrumentalisation par l’extrême droite des violences sexistes et sexuelles, par celles et ceux qui voudraient nous faire croire que le sexisme est le propre des étrangers, des migrants ou des musulmans : non, les violences faites aux femmes sont inhérentes au patriarcat et sont présentes partout dans le monde.