Publié le Dimanche 27 février 2022 à 19h00.

Coordination nationale féministe : reconstruire un mouvement féministe auto-organisé, unitaire, radical et massif

Les 22 et 23 janvier, plus de 300 personnes, représentant une centaine de collectifs féministes de toute la France métropolitaine, se sont réunies à Rennes. L’objectif : consolider et développer les liens entre militantEs féministes, s’entraider dans nos militantismes quotidiens, débattre de nos orientations politiques et stratégiques, décider d’actions communes, élaborer une plateforme de revendications.

L’enjeu : prendre au sérieux la possibilité de l’émergence d’un mouvement féministe de masse, unitaire, radical et inclusif, qui s’approprie et s’affronte tout à la fois aux questions du sexisme, du racisme et du capitalisme. La méthode : le débat démocratique, l’auto-organisation, l’implantation locale dans les villes et villages, sur les lieux d’étude et de travail, le lien au mouvement ouvrier et social et le développement de l’outil de la grève féministe.

Cette rencontre a été un succès, deux jours de débats et de rencontres, en plénière et en ateliers, sur des thèmes comme la construction du 8 mars, la stratégie révolutionnaire, la lutte contre l’extrême droite, le syndicalisme, la transphobie, le validisme, l’anti­racisme. La coordination a adopté un texte de sortie de rencontres, appelant à la construction de la grève féministe pour ce 8 mars et les suivants, interpellant en particulier les structures syndicales à prendre au sérieux l’émergence de cette nouvelle génération féministe.

Les faiblesses du mouvement féministe français organisé

La France a elle aussi été fortement impactée par le mouvement MeToo, on pense notamment à l’émergence du mouvement des colleuses, la massivité des manifs du 25 novembre contre les violences sexistes et sexuelles, la mobilisation dans les collèges et lycées pour défendre la liberté de s’habiller comme on le souhaite ou encore la lutte contre l’interdiction du port du voile dans la pratique du sport en club. Cet intérêt renouvelé pour le féminisme s’est aussi traduit dans les mouvements sociaux par la mise en avant des discriminations de genre, comme on a pu le voir chez les Gilets jaunes ou dans les mobilisations des hospitalierEs.

Pour autant, le mouvement féministe organisé n’a pas su s’appuyer sur ces luttes pour franchir le cap de mobilisations éparpillées à la construction d’un mouvement féministe de masse, organisé en continu toute l’année. En cause, les divisions importantes du féminisme français depuis le début des années 2000, en particulier sur le port du voile et le travail du sexe, et le manque d’implication des syndicats dans la construction de la grève féministe qui permettrait pourtant de faire le lien avec le reste du mouvement ouvrier organisé.

Un espace d’auto-organisation pour un féminisme de masse et de lutte 

De ce point de vue, la construction de la coordination nationale féministe, qui se réunit depuis 2020, est un véritable espoir. Se positionnant clairement contre le racisme et la transphobie qui peuvent exister dans certains courants du mouvement féministe, affirmant la nécessité de construire un féministe ancré dans les classes populaires, et s’appuyant sur les collectifs locaux et le débat démocratique, elle pose les bases d’un outil féministe en capacité de construire un véritable rapport de forces contre le gouvernement et le patronat. 

Nous encourageons les collectifs et assemblées féministes à la rejoindre et les militantes syndicales à la contacter. Les prochains rendez-vous : ce 8 mars pour la grève féministe puis de nouveau pour des rencontres du 13 au 17 juillet 2022.

Aurore, Liza et Louise