Le lundi 7 novembre à 16 h 34 a été symboliquement choisi, car cette date marque le moment où les femmes salariées commencent à travailler « bénévolement ». Ce calcul, purement théorique, a pourtant l’immense mérite de mettre en évidence le scandale des inégalités salariales entre les femmes et les hommes. Il s’appuie sur le calcul d’Eurostat, selon lequel en France, en 2014, le salaire horaire brut moyen des femmes est de 15,1 % inférieur à celui des hommes. Sur 253 jours ouvrés pour l’année 2016, cette différence représente 38,2 jours. D’où le 7 novembre 2016 à 16 h 34.
Bien qu’énorme, ce symbole minimise pourtant l’inégalité réelle. L’utilisation du salaire horaire est trompeuse. En particulier, elle occulte le fait que les femmes occupent la grande majorité (80 %) des emplois à temps partiel, le plus souvent de manière imposée. En prenant en compte le temps partiel, les femmes gagnent en réalité 27 % de moins que les hommes...
L’écart est encore de 19 % pour les temps complets. Les raisons sont multiples et cumulées. Les femmes sont cantonnées majoritairement dans des secteurs dévalorisés où elles sont sous-payées. Mais la plus grande partie de l’écart renvoie au fait que, plus souvent que les hommes, les femmes se trouvent dans chaque métier reléguées au bas de l’échelle des salaires.
Au final, les femmes représentent 80 % des travailleurs pauvres !
Beaucoup de raisons peuvent expliquer les différences de salaire, mais même en tenant compte des caractéristiques des postes de travail et des entreprises, de l’ancienneté des salariés, de la localisation géographique, « Toutes choses inégales par ailleurs ! » (selon le titre de l’ouvrage de la sociologue Rachel Silvera), une bonne partie de l’écart (10 %) reste « non expliquée »... si ce n’est par le seul fait d’être des femmes. En clair, de la pure discrimination !
Aucune initiative n’est inutile pour dénoncer cette réalité, rendre visible ces discriminations pour mieux les combattre. Celle du 7 novembre a été lancée sur internet, s’inspirant d’une démarche identique menée par les femmes islandaises. Elle donne un nouvel écho à une proposition portée depuis plusieurs années par des militantes : celle d’une vraie grève des femmes le 8 mars, avec un appel intersyndical, des associations féministes...