Le 8 mars, journée internationale des femmes, prend un sens particulier cette année avec les révolutions dans les pays arabes auxquelles les femmes participent activement. Le 5 mars, des manifestations auront lieu dans toute la France. «Ce 8 mars 2011, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, n’est pas un 8 mars comme les autres. C’est un 8 mars porteur d’espoir venu du Sud. Un Sud en marche revendiquant la dignité, la liberté et l’égalité ».
Un 8 mars pas comme les autres, parce que comme le dit l’appel à manifester le 5 mars prochain dans toute la France (voir agenda page 2), cette année le 8 mars résonnera des luttes des peuples du monde arabe. Que ce soit en Tunisie, en Égypte, en Algérie ou au Yémen, les femmes ont pris part à ces luttes. Ce que nous allons crier, chanter ce 8 mars, c’est notre solidarité à ces processus révolutionnaires et à toutes les femmes qui y jouent un rôle de premier plan. Elles sont les actrices d’une lutte populaire contre la pauvreté, la corruption de l’État, la répression, les violences policières. Ces femmes qui se sont soulevées ne vont-elles pas se faire voler la part de victoire qui leur revient ? La question est légitime, tant il est vrai que le risque de confiscation des révolutions est une réalité pour toutes et tous. L’histoire a montré que, face à des révolutions populaires, les puissants du monde entier qui perpétuent l’oppression et l’exploitation, n’ont de cesse de réduire leur portée et de les briser, y compris par la violence. Et l’histoire nous a aussi appris que les femmes sont souvent et rapidement repoussées en arrière-plan. Mais quelle hypocrisie quand cette question est posée par ceux-là mêmes qui ont soutenu – et armé – ces dictatures au nom de la lutte contre l’islamisme et de la défense des droits des femmes ! Quelle vision impérialiste, colonialiste que celle qui montre les pays arabes comme arriérés ! Outre que ces pays ont chacun leur singularité, ils sont traversés par de profondes mutations sociologiques et démographiques ; des luttes, des débats, des contradictions traversent ces sociétés dans lesquelles les femmes sont présentes, actives, actrices. Lors des grèves qui ont secoué l’Égypte ces dernières années, des femmes ont pris part aux occupations, aux comités de grève, elles ont été parfois des leaders de ces mouvements. Ni les femmes tunisiennes, ni les femmes égyptiennes ne se contenteront d’une démocratie de façade, elles n’accepteront ni les diktats religieux ni les diktats économiques dictés par l’Union européenne, les États-Unis et les institutions financières internationales. La solidarité féministe internationale s’exprimera le 8 mars pour ces femmes actrices de leur destin, pour défendre avec elles tous leurs droits, parmi lesquels les droits sociaux, le droit de s’organiser, de manifester et la liberté d’expression... Solidarité mondialePartout ailleurs dans le monde arabe et sur l’ensemble de la planète, les femmes continuent de se mobiliser. Les 5 et 8 mars seront l’occasion de réaffirmer notre solidarité avec ces luttes exercées « conjointement avec les luttes de tous, hommes et femmes, pour renforcer la résistance menée partout contre le système capitaliste et patriarcal mondialisé » comme le dit la Lettre de solidarité adoptée lors de l’assemblée des femmes au Forum social de Dakar le 11 février. Inspirées par les luttes des femmes du monde arabe et d’Afrique – les Sénégalaises notamment – venues partager leurs expériences et leurs exigences, les femmes réunies à Dakar nous donnent « une feuille de route » pour ce 8 mars 2011 : « Nous les femmes, nous continuons à dire qu’il faut changer ce modèle de société, ce modèle économique, ce modèle de production et de consommation, qui génère une pauvreté accrue pour nos peuples et en particulier pour les femmes. Face à tout cela, nous proposons de renforcer nos luttes pour que nos pays aient leur souveraineté économique, politique et culturelle face aux institutions financières internationales. Nous voulons l’annulation des dettes odieuses et illégitimes […] Nous voulons un monde où les hommes et les femmes ont les mêmes droits, les mêmes opportunités dans l’accès à la connaissance, à la scolarisation, à l’alphabétisation, à l’éducation et aux postes de décisions, et les mêmes droits au travail et à des salaire justes ». Sophie Agso