À l’occasion de la journée contre les violences faites aux femmes, le gouvernement a annoncé la mise en place d’un nouveau plan de prévention et de lutte contre les violences faites aux femmes pour la période 2014-2016. Ce plan réunit diverses initiatives, projets de loi et circulaires… On y trouve donc des mesures relevant des projets de loi existants comme celui pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Qu’apporte-t-il donc de nouveau ?
Rendre visible et quantifier les violencesLa première étape de ce plan consiste à faire connaître et rendre visible ces violences, avec un spot de pub incitant les femmes à dénoncer ce qu’elles subissent, et avec la refonte du site national http ://stop-violences-femmes.gouv.fr. Les informations y sont classées en 5 thèmes : violences sexuelles, harcèlement sexuel, violences au sein du couple, mariages forcés et mutilations sexuelles.Enfin, pour faire connaître et mieux analyser ces violences, il faut pouvoir les quantifier. C’est le rôle du tout nouvel Observatoire national contre les violences faites aux femmes.
Des nouveautés ?L’amélioration de la plateforme téléphonique du 39 19, censée devenir le pivot des appels de détresse, a été annoncée. Sur l’hébergement, le gouvernement annonce deux mesures : d’une part la création de 1 650 places d’hébergement d’urgence, dont, selon les circulaires précédentes, un tiers est réservé aux femmes victimes de violences – on reste bien en-deçà des besoins. D’autre part, les étudiantEs victimes de violence seront prioritaires sur les logements du Crous, sans dire un mot sur la pénurie de ces derniers.Le Samu expérimentera des kits de constatation de viol en urgence. Si l’initiative va dans le bon sens, il faudra veiller à ce qu’elle n’aboutisse pas à normaliser une définition traumatique du viol, ni à conditionner les poursuites à ces « preuves ». Les parcours de soins des victimes doivent être renforcés en s’appuyant sur la médecine de premier secours, et les urgences, alors même que ceux-ci font face aux réductions drastiques que l’on connaît !Enfin, une partie du plan est consacrée au sexisme et aux violences en milieu scolaire. Uniquement axée sur les violences entre adolescents, la prévention passera par des outils pédagogiques et la mobilisation des cadres déjà existant. On peut déplorer une vision verticale de la prévention qui fait l’impasse sur la vigilance et sur les recours pour les victimes.De même, la formation des personnels concernés sera globalement intégrée dans les formations existantes, et ne bénéficie d’aucun moyen supplémentaire.
Les grandes oubliéesLes femmes étrangères victimes de violences sont le point aveugle de ce plan gouvernemental. Tout au plus leur accorde-t-on l’exonération des taxes sur les titres de séjour, sans garantir une régularisation pérenne. Les violences sur mineures dans le cadre de la famille sont complètement absentes. Enfin, les violences au travail (harcèlement, pénibilité…) sont abordées de façon superficielle, avec des brochures (!) sur le harcèlement qui ne remettent pas en question les causes de ces violences.Encore une fois, le gouvernement diffuse des annonces de bonne volonté qui ne sont accompagnées d’aucun financement supplémentaire et ne remettent en question ni la casse des services publics de santé, ni la politique migratoire, ni la précarité économique, axes pourtant centraux dans la lutte contre les violences faites aux femmes.
Chloé Moindreau, Hélène Pierre et Anastasia Tiarava