Publié le Vendredi 31 octobre 2025 à 11h00.

Procédure-bâillon dans le monde syndical : victoire et soulagement !

Les 16 et 17 octobre devait se tenir le procès de Christine, ex-membre du collectif Femmes Mixité de l’Union syndicale CGT Ville de Paris. Elle était poursuivie en diffamation après avoir présenté un compte rendu des actions menées par le collectif contre des faits de harcèlement et/ou d’agressions de la part de membres de leur organisation lors du congrès de l’UD CGT 75.

Régis Vieceli, alors secrétaire général du syndicat CGT Déchets et Assainissement, avait porté plainte contre elle et contre Philippe Martinez (secrétaire général ­confédéral au moment des faits).

Une prise en charge compliquée d’une affaire de VSS à la CGT

En effet, en décembre 2016, une syndicaliste CGT Ville de Paris du secteur de la petite enfance dénonçait une agression physique au sein de la Bourse du travail parisienne par un syndicaliste CGT du secteur du nettoiement.

La cellule de veille de la CGT ouvre alors une procédure, la première en matière de VSS, qui conclura quelques mois plus tard à la nécessité d’une sanction contre le syndicaliste. Mais celui-ci n’est pas inquiété dans son syndicat.

Naissance d’un réseau intersyndical de lutte contre les VSS

Dans les suites de cette affaire, le collectif Resyfem naît à l’hiver 2020-2021 de la rencontre de plusieurs militantes issues de la CGT avec d’autres femmes syndicalistes confrontées aux mêmes difficultés en interne dans leurs organisations, dans leur lutte contre les violences sexistes et sexuelles (VSS).

Les camarades font le choix de s’auto-organiser en « intersyndicale » (CGT, FO, SUD, FSU, Syndicat de la magistrature et Syndicat des avocats de France). Toutes les organisations syndicales étant concernées par ce problème, le fait de travailler en inter-organisations permet de construire la solidarité entre les militantes en dépassant les concurrences partisanes.

Quand les agresseurs veulent faire taire celles qui les dénoncent

Le collectif Femmes Mixité de l’Union syndicale CGT Ville de Paris organise des formations en interne et intervient à différents congrès de la CGT. C’est la lecture du bilan des trois années de ce collectif par l’une des membres, Christine, lors du congrès de l’UD CGT Paris en 2020, qui est à l’origine de ce procès en diffamation cinq ans plus tard.

La Confédération CGT est également poursuivie, en la personne de Philippe Martinez, alors secrétaire général, pour le travail d’enquête mené par la cellule de veille confédérale.

Ce procès en diffamation est une première dans l’histoire de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles au sein d’un syndicat. Il s’agit d’une tentative patriarcale de silenciation des femmes et de leurs soutiens.

Christine a été forcée de quitter la CGT, où elle militait depuis vingt ans. Elle a ensuite été contrainte de se lancer dans des démarches juridiques coûteuses pour se défendre, alors qu’elle a été, avec le collectif Femmes Mixité de l’UD CGT Ville de Paris, une lanceuse d’alerte, pour obtenir de son organisation syndicale qu’elle assure la sécurité des syndiquées. Cette procédure-bâillon réactive par ailleurs, de manière très violente, tout le vécu des camarades plusieurs années après les faits.

Mais nous ne nous laisserons pas faire !

Grâce à la mobilisation contre cette procédure et suite au désistement du plaignant, il n’y a finalement pas eu de procès en diffamation les 16 et 17 octobre. Il faut aussi souligner qu’en quelques années il y a eu des progrès significatifs dans la lutte contre les VSS à l’intérieur des organisations, notamment syndicales, même s’il y a encore de gros progrès à faire.

L’annulation du procès est un grand soulagement et une victoire !

Nous saluons le courage et la force des militantes visées par cette procédure en diffamation et nous appelons à continuer et amplifier le combat contre toutes les formes de violences sexistes et sexuelles dans nos organisations syndicales, sur nos lieux de travail et partout ailleurs !

La Commission nationale d’intervention féministe