Marc Piétrosino a été élu, lors du dernier congrès, secrétaire général de l’UD 13. Salarié à la Fnac-La Valentine à Marseille, militant CGT depuis une vingtaine d’années, délégué central Fnac, référent pour le commerce à l’UD CGT 13, il était depuis 2013 secrétaire général de l’UL de la Vallée de l’Huveaune (11ᵉ-12ᵉ arr.).
Le dernier congrès de l’UD CGT 13 a connu d’importants débats, mais l’analyse de la situation et les réponses de la CGT étaient largement partagées par les congressistes. Quelles priorités se fixe la nouvelle direction ?
La priorité sera d’aller vers les bases de la CGT du département pour faire le point sur les besoins exprimés par les militantes et les militants, pour construire, impulser et coordonner l’action de la CGT dans une période marquée par des attaques violentes du capital et du pouvoir.
Quelles sont, selon toi, les pistes pour faire prendre conscience à ce secteur du monde du travail de son appartenance de classe et donc de la nécessité de l’organisation, de la lutte collective et donc du syndicalisme ?
Encore une fois, c’est d’abord d’aller sur le terrain pour parler, débattre avec les salariéEs. Ce n’est pas facile. C’est un secteur éclaté et très diffus (personnel et horaires). Mais nous devons être sûrEs de nos valeurs, rester intransigeantEs sur nos fondamentaux, mais aussi améliorer notre communication pour nous adresser à des gens abreuvés d’idées d’extrême droite complaisamment diffusées par une certaine presse et les réseaux « sociaux ». Donc y aller avec nos idées et en étant peut-être plus inventifs.
Dans la situation politique instable et dangereuse que l’on connaît, quelle sera l’attitude de la CGT 13 pour faire face à toute issue politique, de la pire à la moins mauvaise ? Quelle place pour les mobilisations ?
Historiquement, c’est quand même le mouvement ouvrier qui, par la grève et la mobilisation, a arraché les conquêtes du Front populaire en 1936. Sans ça, même quand on pense avoir des « liens » avec le pouvoir, il ne faut pas oublier notre cahier revendicatif à faire valoir, quel que soit le gouvernement, et sans indulgence. L’expérience a prouvé que, quand on tergiverse comme en 1981, sans mobilisation, on n’aboutit à rien.
La direction précédente avait renforcé, sinon initié, une politique d’ouverture aux forces « progressistes » : syndicales (FSU, Solidaires), politiques (LFI, PC, NPA, ANC) ou associatives (Attac, Mouvement de la paix…). Est-ce que la direction que tu représentes entend continuer cette démarche, voire la renforcer ?
Les relations entre politique, syndicats et associations sont nécessaires mais aussi complexes. Ce sera une bonne chose de continuer cette démarche, mais en restant à notre place d’organisation syndicale. Oui au travail en commun, mais chacun à sa place. C’est plus que nécessaire pour la CGT 13.
Comment concilier le fait de n’avoir pas considéré le PS comme une « organisation progressiste », ce qu’on peut comprendre, avec le soutien au NFP (Nouveau Front populaire) ?
Le NFP répondait à une urgence politique. Macron a dissous en pensant peut-être : « mieux vaut l’extrême droite que la gauche ». Dans ce contexte, le NFP a suscité un espoir et le monde du travail l’a placé en tête. Preuve que, quand on s’unit sur un programme de gauche, on peut retrouver bien des électeurs qu’on avait perdus. Alors oui, de vieux réflexes reviennent et, à la CGT, on sent bien que certaines forces sont pour le moins « frileuses ». Mais travailler avec certaines forces, c’est un peu différent du soutien au NFP.
Il n’est un secret pour personne que le dernier congrès de l’UD a été houleux, voire difficile, et que tu n’étais pas, a priori, candidat au poste de secrétaire général. Comment vois-tu l’indispensable unité de la CGT 13 dans les luttes qui s’annoncent ?
Les débats ont été vifs, mais les orgas se sont positionnées massivement pour une nouvelle équipe (pas celle attendue) et ont manifesté une volonté de rupture avec d’autres méthodes. Mais ce qui domine, c’est la volonté de travailler avec toutes les orgas CGT du département, leurs militantes et militants. Il n’y a pas d’ennemis entre nous. L’ennemi est en face !
Propos recueillis par Jean-Marie Battini