La déflagration du mouvement MeToo n’en finit pas de résonner dans l’ensemble de la société. Cette année, ce sont les organisations de gauche, se revendiquant du féminisme, qui ont été largement percutées.
Nous ne sommes pas surprisEs par la présence d’agresseurs au sein des formations de droite ni par leur prise en charge inexistante des accusations portées par les victimes. L’existence de violences du même ordre dans les organisations se revendiquant de la lutte des femmes est évidemment pour nous plus problématique car cela contrevient aux valeurs qu’elles portent. Mais c’est surtout leur prise en charge qui nous interpelle aujourd’hui.
Nécessaire auto-organisation des femmes dans les organisations
Les partis et syndicats concernés sont plus ou moins avancés quant aux structures et procédures en place mais deux éléments semblent fondamentaux. Tout d’abord, le lien entre position de pouvoir (que ce soit dans les institutions de l’État ou dans les organisations) et sentiment d’impunité et donc possibilité d’exercer des violences semble très fort. Aussi bien l’affaire Benjamin Amar dans la CGT que celle d’Adrien Quatennens dans la FI en sont l’illustration. Ensuite, la question de la légitimité des instances et des mesures prises est un point essentiel. En effet, au-delà même des attaques de nos ennemis, relayées par les médias, nous devons nous assurer de faire avancer notre combat au sein de notre camp social. Cela nécessite d’établir un rapport de force pour lequel l’auto-organisation des femmes est absolument nécessaire. C’est l’expérience que sont en train de faire collectivement les militantEs de LFI, notamment au sein du regroupement La relève féministe. Les résistances des appareils sont fortes et rendent indispensable la mise en place de procédures de prise en charge plus solides, ce qui est positif. Les échanges entres féministes des différentes organisations sur ce sujet va aussi dans le sens de la reconstruction d’un mouvement féministe radical et non sectaire.
Repenser la place des femmes
Parce que les violences sexistes et sexuelles sont un des fondements du maintien de la société capitaliste et patriarcale, elles infiltrent l’ensemble de la société jusqu’à nos organisations. En contrepartie, les combattre a un contenu éminemment subversif. Dans nos organisations, cela nous oblige à (re)poser de manière centrale et urgente la question de la place des femmes, des alliéEs et, plus largement, du rapport au pouvoir, du lien entre programme et structuration, de l’unité de notre classe sociale, de l’articulation entre les différentes luttes et oppressions, etc.
Maintenant que l’ampleur des violences faites aux femmes a éclaté, il n’y aura pas de retour en arrière possible. Les violences intrafamiliales contre les enfants restent pour l’instant peu visibles mais il est probable que les prémisses de dénonciation ouvrent la voie à une appréhension plus complète des violences patriarcales.
Reste à discuter entre personnes concernées par ces violences la manière dont nous pouvons poursuivre une lutte sans concessions, tout en reconstruisant l’unité de notre classe sociale qui doit prendre en charge les luttes contre toutes les oppressions, dans le respect de l’auto-organisation nécessaire à chacun de ces combats.