À la suite du mouvement initié sur les réseaux sociaux contre les violences faites aux femmes, #MeToo #WeTooGether descendait dans la rue cette semaine, principalement ce dimanche, mais quelques villes avaient fait le choix d’un autre jour : comme à Rennes ou à Nantes qui ont ouvert le bal mercredi et jeudi (300 à Rennes et 200 à Nantes)
En plein milieu des vacances scolaires, ce sont au total plusieurs milliers de personnes qui se sont mobilisées partout en France contre les violences sexistes. C’est à Paris que la dynamique a été la plus importante, puisque ce sont près de 2000 personnes qui sont passées place de la République, sous la pluie, dans une ambiance qui nous rappelait Nuit Debout avec différents espaces, et des ateliers divers notamment artistiques. La combativité s’est exprimée : les slogans lancés par les collectifs féministes présents sur place (notamment le collectif féministe révolutionnaire) étaient largement repris. Une centaine de femmes étaient aussi présentes dans le cercle de femmes, espace non-mixte pour discuter collectivement de comment agir après avoir subi la violence.
Les grandes absentes restaient la majorité des organisations féministes habituées à intervenir sur cette thématique, même si certaines associations comme la Fondation des Femmes ou En Avant Toute(s) tenaient des tables sur la place de la République. Mais les syndicats, le CNDF ou les nombreuses organisations politiques qui travaillent sur cette question n’étaient pas là, ou bien peu visibles, à l’exception du NPA, de quelques personnes du PCF et de la présence de Danielle Simonet de La France insoumise. Cette absence est plus que problématique, et l’on ne peut s’en satisfaire ou s’en réjouir. Il y a une dynamique aujourd’hui contre les violences, mais cette dynamique ne se concrétisera pas si , d’un côté, on balaye l’histoire du mouvement féministe ou si, de l’autre, on ne comprend la nécessité de percevoir les dynamiques extérieures à soi et de les soutenir.
Pour un mouvement autonome des femmes
Il nous faut un mouvement féministe uni. C’est quelque chose d’essentiel, et il semble que la dynamique actuelle peut nous permettre de dépasser les divisions.
Si le rassemblement parisien a été un succès, c’est parce que c’est presque le seul endroit où il y a eu une réelle dynamique militante avec plusieurs dizaines de femmes qui organisaient ce rassemblement : collages, diffusions de tracts, création collective d’ateliers, etc. Si l’auto-organisation était presque inexistante, cette dynamique a toutefois permis de s’approprier le mot d’ordre du rassemblement.
Nous ne pouvons pas laisser la dynamique retomber. D’ici au 25 novembre, Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, il faut construire un mouvement de masse contre les violences. Pour cela, il nous faut repenser plusieurs choses. Afin qu’une dynamique militante puisse exister, il faut qu’elle puisse s’auto-organiser, que chacune puisse avoir un poids dans les décisions. Deuxième élément, si autant de femmes sont agressées, il faut bien des hommes pour les agresser : si les hommes doivent prendre part aux mouvement, ce mouvement doit être principalement organisé et dirigé par les femmes. Il faut désormais lancer des Assemblées générales, créer des collectifs de quartier, qui nous permettent de développer une dynamique pour le 25 novembre, en ayant à l’esprit qu’il s’agit de construire un mouvement féministe sur la durée, car le patriarcat ne s’abattra pas tout seul.
Mimosa Effe