Cette année encore, le 8 mars, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, a été l’occasion de nombreuses manifestations dans le monde. Le nombre important de manifestantEs dans plusieurs pays montre à quel point ce mouvement est puissant et enraciné. Se pose la question de sa structuration et de sa coordination à l’échelle internationale…
En France : au cœur de la bataille pour les retraites
Au cours de la manifestation alternent des pancartes « Ta main sur mon cul, ma main dans ta gueule », « 29 féminicides depuis le début de l’année » et « Marre de simuler nos retraites, on veut en jouir ». Ce 8 mars aura été l'occasion de faire massivement le lien entre les revendications féministes et celles de la mobilisation contre la réforme des retraites. Les manifestations ont largement dépassé les niveaux habituels, réunissant plusieurs milliers de femmes dans différentes villes, dépassant parfois les records des dix dernières années : 70 000 manifestantes annoncées à Paris, 25 000 à Toulouse, 5 000 à Rennes et tout autant à Grenoble… En tout, près de 150 000 personnes auraient manifesté en France à cette occasion, toutes réunies autour des mots d’ordre contre les violences faites aux femmes, pour l’égalité des salaires, pour l’accès à l’IVG et pour le retrait de la réforme des retraites, mais aussi avec des revendications de solidarité internationale, avec les femmes iraniennes, kurdes, afghanes…
De Madrid à Rome…
Le 8 mars est bien une journée internationale de lutte pour nos droits et, depuis plusieurs années, elle est devenue une date importante dans de nombreux pays (le 8 mars est d’ailleurs un jour férié dans une trentaine d’entre eux). Ainsi, dans l’État espagnol, les manifestations ont rassemblé 700 000 personnes à Madrid et 60 000 à Barcelone contre « le système cishétéro-patriarcal, raciste et classiste » sous le slogan « Se acabó el negocio de los cuidados » (« Contre la marchandisation des soins »). En Italie, la journée a aussi été très suivie, avec un appel à la grève générale des syndicats et des organisations féministes sous le slogan « Non una di Meno ». Il faut dire que le contexte italien donne toutes les raisons de se mobiliser : sept gynécologues sur dix refusent de pratiquer l’IVG, et l’extrême droite est au pouvoir dans le cadre d’une coalition menée par Georgia Meloni depuis l’année dernière…
Du Mexique au Brésil…
À Mexico, une vague violette de 90 000 personnes a répondu à l’appel à la grève féministe contre les féminicides (969 féminicides enregistrés l’année dernière). Mêmes revendications au Brésil où une femme meurt toutes les six heures de violences conjugales, et où les manifestantes ont porté des mots d’ordre contre l'extrême droite pour la défense de leur droit reproductif mais aussi contre la faim, la misère et la montée des violences.
Solidaires contre la répression
Et il y a celles qui manifestent malgré tout, malgré la police et les violences machistes, malgré les interdictions et les contre-
attaques. Au Pakistan, plusieurs centaines de femmes ont manifesté à Islamabad et 2 000 femmes à Lahore sous le slogan « Mon corps, mon choix » malgré la répression et l’interdiction de la manifestation, et malgré aussi la présence de contre-manifestants réactionnaires religieux. À Rabat, une centaine de femmes se sont réunies devant le parlement marocain pour protester contre le code de la famille qui les maintient dans une situation d’inégalité sociale, juridique et économique. En Iran, six mois après le meurtre de Mahsa Jina Amini et les manifestations massives qui ont traversé le pays, le gouvernement a fait preuve d’une répression sauvage et brutale. Depuis plusieurs semaines, ce sont maintenant les écoles de filles qui sont la cible d’attaques au gaz (52 écoles ont été touchées jusqu’à présent) ; face à cela, les enseignantEs ont déclaré la grève le 7 mars, très soutenue par la population.
Partout nous manifestons, partout nous marchons, et partout nous réclamons d’une même voix la fin d’un système patriarcal injuste, inéquitable, oppressif et violent. Les revendications féministes convergent, le mouvement ne perd pas de sa force depuis des années maintenant. La lutte contre toutes les violences (physiques, psychiques, sociales, policières, médicales, lesbophobes, LGBTIphobe…) unifie le combat féministe et vient remettre profondément en question la société capitaliste et patriarcale. C’est la force du 8 mars : lorsque nous marchons, nous marchons toutes ensemble pour changer la société !