Cinq mois après la mort de Prigojine, la société de mercenaires russes Wagner en Afrique est en train d’être transformée.
La société Wagner aura permis à la Russie de reprendre pied sur un continent longtemps délaissé. Elle est active notamment en Libye, au Mali, au Soudan, en Centrafrique et plus récemment au Burkina Faso et peut-être bientôt au Niger.
Cheval de Troie
Sa présence n’a été reconnue officiellement que très récemment. Wagner a permis au Kremlin une implantation militaire sans en assumer les responsabilités politiques et les charges financières. Puisque l’activité de mercenariat s’accompagne d’entreprises pillant les ressources naturelles. Cela peut être l’or au Soudan, les grumes et les diamants en Centrafrique, le pétrole en Libye, où les rétributions par les autorités comme au Mali.
Aussitôt la mort de Prigojine annoncée, le ministère de la Défense russe a organisé des tournées en Afrique avec un double objectif. Rassurer les officiels africains de la pérennité de leur présence militaire et réorganiser les troupes sur place.
À visage découvert
Moscou avait le choix entre mettre un nouvel oligarque à sa tête ou intégrer Wagner à l’armée russe. D’après le think tank US néo-conservateur, Institute for the Study of War, c’est cette dernière option qui a été choisie. Poutine a confié à Iounous-bek Evkourov, vice-ministre de la Défense, la création d’un « Africa Corps » rattaché à l’armée.
Cette nouvelle configuration permettra d’éviter une marge d’autonomie trop importante et surtout de répondre à la nouvelle situation politique en Afrique. Plus la peine pour la Russie d’avancer masquée. Le sentiment anti-occidental diffus mais bien réel permet à Moscou de se présenter comme une alternative dans une confrontation directe avec les pays occidentaux ouverte par la guerre d’Ukraine. Comme l’indique Igor Korotchenko, porte-parole officieux de l’armée cité par l’ONG All Eyes On Wagner : « Pour le Kremlin, les principaux opposants sur le continent noir sont les États-Unis et leurs alliés de l’Otan, dont la France. Le département militaire russe contrecarrera l’influence occidentale et renforcera la position de Moscou en Afrique »
Pas de sauveur suprême
Au Burkina Faso, où récemment une cinquantaine de soldats russes ont débarqué, le modus operandi ne change pas. C’est un mélange de présences militaire et civile avec l’association « African Initiative » qui vante les bienfaits des sauveurs. Une propagande bien différente des buts affichés comme l’indique Korotchenko : « Le recours au facteur de force en Afrique devrait apporter à la Russie non seulement des avantages politiques (arrivée au pouvoir de gouvernements et de régimes amis), militaires (la location gratuite de bases, d’aérodromes, de centres logistiques), mais aussi des dividendes économiques (contrôle des gisements d’or, de platine, de cobalt, d’uranium, de diamants, de pétrole, de terres rares et leur développement dans des conditions mutuellement avantageuses avec les partenaires africains) ». Une définition parfaite de l’impérialisme en Afrique.