Le retour des États-Unis sur la scène africaine vise à profiter des richesses du continent. Un objectif clairement affiché par l’administration Trump.
Le 9 juillet Trump recevait pour un déjeuner de travail cinq dirigeants africains du Gabon, de la Guinée-Bissau, du Liberia, de la Mauritanie, du Sénégal. Des pays, selon Trump, « dynamiques avec des terres de très grande valeur, de super minerais, des grandes réserves de pétrole, et des gens merveilleux ». Même s’il s’apprête à interdire à « ces gens merveilleux » l’accès aux USA en refusant la délivrance de visas.
Priorités des États-Unis
La politique de l’administration Trump est de remplacer la politique d’aide par celle du commerce. Désormais, les ambassadeurs des États-Unis dans les pays africains seront jugés sur le nombre de contrats commerciaux réalisés. Une politique adossée à trois priorités : accéder aux minerais critiques, décisif pour les industries numériques et électroniques ; contrer l’hégémonie de la Chine sur le Continent ; lutter contre le terrorisme sur le secteur autour de la mer Rouge jugée stratégique. Ainsi, dans le plus grand silence médiatique, les États-Unis ont procédé en six mois à 43 frappes de drones en Somalie contre les Shebabs (51 frappes pendant la durée totale du mandat de Biden).
La politique définie comme transactionnelle, favorisant le commerce, est encouragée par la levée de mesures considérées comme des obstacles. Ainsi, les questions des droits humains et de la démocratie ne doivent plus interférer. À cela s’ajoute la suspension de l’application de la loi sur les pratiques de corruption à l’étranger. Elle donne dans les faits une immunité judiciaire aux entreprises étatsuniennes qui soudoient les décideurs à l’étranger pour remporter des marchés.
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Plusieurs raisons peuvent expliquer le choix d’inviter ces cinq pays. D’abord, ils sont tous situés sur la côte atlantique ce qui pourrait favoriser les exportations, sans nécessité d’investissement dans les infrastructures portuaires déjà existantes. Ensuite, ces pays possèdent dans leur sous-sol soit du gaz ou du pétrole, soit des minerais rares. Ainsi, au Liberia, les études géologiques ont montré la présence de néodyme essentiel à la fabrication d’aimant permanent. Enfin, ce sont des pays qui n’appartiennent ni aux BRICS+ (l’alliance économique des pays dits du Sud), ni à la zone d’influence de la Chine ou de la Russie. Bref ce sont des proies faciles.
D’autant que les cinq dirigeants, chacun à son tour, ont vanté les mérites de leur pays respectif avec pour certains une dose de flagornerie pour Trump et son ego surdimensionné. Ainsi Faye, élu président du Sénégal à la suite d’une mobilisation électorale anti-impérialiste, n’a rien trouvé de mieux que de lui proposer d’investir dans un terrain de golf, se découvrant une passion pour ce sport.
Bien évidemment, personne ne lui a fait remarquer que sa politique de suppression de l’USAID (United States Agency for International Development) mettant fin aux aides états-uniennes pourrait entraîner, d’après le journal médical de référence The Lancet, 14 millions de morts.
Paul Martial