Parmi les multiples initiatives prises pour la reconnaissance du syndicalisme autonome en Algérie, la Confédération générale autonome des travailleurs en Algérie (CGATA) s’est adressée, il y a plusieurs années déjà, à l’Organisation internationale du travail (OIT). Celle-ci vient de décider d’envoyer une délégation sur place et souhaite organiser une rencontre avec le pouvoir encore place. Ce pouvoir est contesté dans la rue par des millions d’Algériens et d’Algériennes depuis plusieurs mois. Ci-dessous le communiqué de la CGATA (publié sur À l’Encontre).
La CGATA a été invitée pour une réunion avec la mission de haut niveau de l’OIT (Organisation internationale du travail) pour s’enquérir de la situation syndicale et cela suite aux différentes plaintes déposées par la CGATA et suite aux recommandations de la commission de suivi d’application des normes qui siège lors des conférences internationales chaque année lors du mois de juin.
« Des subalternes qui ne seront même pas là dans un mois ou deux »
Malgré le fait que cette mission est attendue depuis plusieurs années car les autorités algériennes ont toujours refusé sa venue, la CGATA a demandé à la mission de reporter sa venue car la situation exceptionnelle que vit notre pays l’exige même si le rapport de cette mission se devait d’être prêt pour la conférence internationale du travail qui se tiendra en juin 2019 à Genève.
En effet depuis près de trois mois le peuple algérien sort dans la rue pour exiger une rupture radicale avec le régime et en particulier avec la primauté du militaire sur le politique.
Le président de la République a été obligé de démissionner ainsi que son Premier ministre et son gouvernement. Le président du Sénat a été désigné comme président de l’État pour une période de trois mois, un nouveau Premier ministre a été désigné ainsi qu’un nouveau gouvernement, tout ce beau monde est honni par la population qui pourchasse même les nouveaux ministres lorsqu’ils se déplacent à l’intérieur du pays. En fait, le vrai décideur est l’actuel vice-ministre de la Défense et chef d’état-major, ce qui indique clairement que nous vivons sous un régime militaire. Le chef d’état-major donnant même des ordres à la justice en lui demandant de faire fi des procédures légales.
Le peuple algérien sort chaque vendredi alors que d’autres corporations sortent les jours de la semaine pour exiger une vraie rupture. De ce fait la venue de cette mission pour discuter avec des subalternes qui ne seront même pas là dans un mois ou deux et sous le règne du régime militaire n’est qu’une forme de reconnaissance de ce régime militaire.
– La CGATA refuse cela, surtout que le scénario égyptien est là pour montrer que la mission de l’OIT – qui s’est déplacée en Égypte – s’est accommodée du régime militaire, ce qui a conduit au désastre qui frappe non seulement l’activité syndicale mais tout le peuple égyptien.
– La CGATA tient à réaffirmer son attachement aux revendications du peuple algérien et exprime son refus de rencontrer la mission dans de telles conditions comme elle demande le report de cette visite. Elle a d’ailleurs exprimé cela par écrit à deux reprises à Mme Vargha qui présidera cette mission en sa qualité de directrice du département des normes internationales de travail.
Confédération générale autonome des travailleurs en Algérie