La campagne électorale pour les élections législatives allemandes du 27 septembre est marquée par la question des coalitions gouvernementales.
Les élections régionales (Thuringe, Saxe et Sarre) et municipales (Rhénanie-Westphalie) du 30 août 2009 ont changé quelque peu le panorama politique allemand (lire Tout est à nous ! n°20). Non seulement la gauche (Die Linke et le parti social-démocrate SPD) a connu des avancées, mais le SPD s’est déclaré ouvert à une coalition avec Die Linke dans la Sarre – donc pour la première fois dans une région de l'Allemagne de l'Ouest (Berlin, gouvernée depuis 2006 par une coalition SPD / Die Linke, est considérée comme une région d'Allemagne de l'Est). Ces résultats inquiètent beaucoup le patronat allemand. En effet, en 2005, l'essor électoral de Die Linke avait empêché la droite de réaliser une coalition CDU / FPD (libéraux) et l’avait obligée à faire une « grande coalition » avec les sociaux-démocrates. Cela pourrait bien se reproduire aux élections législatives du 27 septembre.
La parlement allemand sera dorénavant composé durablement par cinq partis et, pour la première fois, le résultat électoral pourra permettre plusieurs coalitions gouvernementales.
Les augures de la presse bourgeoise imaginent déjà une majorité SPD / Die Linke / Verts au prochain scrutin de 2013. Dans la social-démocratie, une nouvelle génération s'apprête à prendre le relais, se reconnaissant dans des personnages comme Andrea Nahles, Sigmar Gabriel et Klaus Wowereit, l’actuel chef de la coalition SPD / Die Linke de Berlin. Cette génération cherche la coopération avec Die Linke pour arrêter l'hémorragie électorale du SPD alors que les « vieux », qui dominent le SPD aujourd'hui, sont trop imprégnés d'anticommunisme.
Si les effets de la crise, qui vont s’aggraver, entraînent une résistance croissante dans les entreprises et parmi la jeunesse, il est possible que ces mouvements se répercutent sur la représentation politique. Toutefois il est clair que le grand capital s'opposera avec toutes ses forces à un gouvernement dont il ne ferait pas parti.
Encore faut-il gagner une telle majorité et ce sera difficile. Le SPD n'a progressé qu'en Thuringe, ailleurs il stagne. Die Linke a fait un grand bond en Sarre – où Oskar Lafontaine est plutôt identifié dans son pays à la bonne vieille social-démocratie qu'à une alternative de gauche au SPD. Die Linke a très peu progressé en Thuringe et fortement perdu en Saxe. Sauf dans la Sarre, Die Linke n'a pas attiré les abstentionnistes et son écho parmi les jeunes électeurs est plus que modeste. Le nouveau Parti pirate attire beaucoup plus les jeunes, tout comme les Verts, et même les libéraux du FDP.
Une radicalisation politique est en cours dans la société allemande, sur la droite (dont profitent les libéraux du FDP) comme sur la gauche. De plus en plus, une disposition à un changement radical apparaît dans les sondages. Malheureusement, pour la plupart, il n’y a pas d’idée précise sur le contenu de ce changement. Une tâche urgente de Die Linke devrait être de le préciser.
Angela Klein