En pleine période d’épuisement du modèle de croissance-développement argentin, et de crise politique du gouvernement Kirchner, le 11 août ont eu lieu les PASO (élections primaires obligatoires). Avec un excellent résultat pour la gauche révolutionnaire.
Les PASO sont une nouveauté créée il y a deux ans par le gouvernement pour résoudre les conflits au sein des partis politiques, mais qui impose également un seuil de 1,5 % des voix pour pouvoir se présenter aux élections qui auront lieu en octobre... Une partie des députés nationaux, provinciaux et municipaux seront renouvelés, alors que les élections présidentielles sont prévues en 2015.
Bien qu’il ne s’agisse pour le moment que de primaires, celles-ci indiquent clairement l’émergence de la gauche révolutionnaire sur la scène nationale, surtout parce que le FIT, Front de gauche et des travailleurs composé de trois organisations historiques du trotskisme argentin – le Parti ouvrier, le Parti des travailleurs pour le socialisme et la Gauche socialiste – a obtenu plus de 900 000 voix, soit 4 % au niveau national. Si on ajoute à ceci les 100 000 voix obtenues par le MAS (Mouvement vers le socialisme, une autre organisation trotskiste), on se trouve face à la perspective d’un résultat historique et à un doublement des voix par rapport au résultat, déjà très bon, obtenu en 2011. Dans certaines provinces comme Salta, Jujuy, Santa Cruz et Mendoza, le FIT et ses organisations ont même obtenu entre 7 % et 11 % !
Vers une alternative politique
Ce résultat historique est le signe que la gauche révolutionnaire peut capitaliser une partie du phénomène d’épuisement du kirchnérisme, visage politique de la domination bourgeoise depuis la crise de 2001. Ce dernier se présente comme un gouvernement nationaliste, mais en réalité, il est à la remorque des intérêts du capital et de la domination impérialiste : paiement de la dette, concession du pétrole à des multinationales comme Chevron, répression de travailleurs...
La gauche révolutionnaire, qui a réussi à bien se situer dans les mobilisations ouvrières et populaires, montre qu’elle est aussi capable de progresser sur le plan électoral et de se présenter comme une alternative politique. Cela avec un programme clairement anticapitaliste qui proclame que ce n’est pas aux travailleurs de payer la crise, invoquant la nécessité de l’intervention directe du mouvement ouvrier, de la jeunesse et des quartiers populaires, contre la politique du gouvernement et des patrons.
La plateforme du FIT comprend 26 points (expropriation des grands groupes capitalistes, contre l’impérialisme, contre la précarité, pour les salaires et les retraites, etc.) qui le distinguent politiquement du kirchnérisme par des délimitations claires, avançant la nécessité de l’indépendance de classe et la lutte pour un gouvernement des travailleurs et des classes populaires.
Contre les pronostics des différentes variantes chavistes, kirchnéristes et mouvementistes, qui ont accusé le FIT d’être sectaire parce qu’il niait le caractère prétendument progressiste du kirchnérisme et « se limitait » à la gauche révolutionnaire et ouvrière, ces résultats montrent la justesse de cette alternative qui représente un pas en avant dans la lutte révolutionnaire en Argentine.
Un essai à transformer
Même si ces résultats doivent encore se confirmer en octobre, il est tout à fait possible que le FIT obtiennent un ou deux députés nationaux, en plus de plusieurs élus provinciaux et municipaux, ce qui serait un point d’appui important pour les luttes ouvrières qui commencent à se développer fortement en Argentine : contre l’accord pétrolier YPF-Chevron, dans les usines pour les salaires et de meilleures conditions de travail, ou encore face à l’effondrement de l’éducation publique, de la santé et du logement.
De même, les résultats électoraux semblent annoncer de bonnes perspectives de construction dans la classe ouvrière et la jeunesse, comme le démontrent les scores électoraux élevés pour le FIT dans des grandes concentrations industrielles et quartiers populaires, et les bons résultats obtenus par les listes présentées par ses organisations lors des élections universitaires, arrivées en tête dans des nombreuses facs de Buenos Aires.
Face à la crise du kirchnérisme et aux nouvelles explosions sociales qui s’annoncent, l’émergence du FIT comme alternative ouvrière et populaire opposée aux différentes variantes bourgeoises et imperialistes, est une excellente nouvelle qui devra se transposer sur le terrain de la lutte des classes.
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