« Nous sommes les femmes au foyer, les travailleuses, les professionnelles, les ouvrières, les chômeuses, les militantes, les artistes, les mères et les filles, les femmes de ménage… que tu vois dans la rue, celles qui sont dans ton quartier…
Celles qui marchent seules ou accompagnées, celles qui décident d’avorter ou pas…, celles qui décident comment et avec qui vivre leur sexualité... Nous sommes nombreuses… et nous avons un cri en commun : pas une femme de moins ! Nous nous voulons en vie ! C’est pour cela que nous sommes en grève (#Nosotras Paramos). Et notre appel est aussi régional : la Bolivie, le Chili, le Mexique, le Pérou, l’Uruguay, le Costa Rica, le Guatemala et le Salvador. Dans toute l’Amérique latine nous marchons ensemble parce que l’Amérique latine sera féministe ou ne sera pas. Contre le féminicide et contre la précarisation de nos vies. »
Voilà un résumé de l’appel à la grève de femmes fait par le collectif #NiUnaMenos. Ce qui a déclenché cette action est une vague de meurtres de femmes en Argentine, dont le paroxysme fut le kidnapping, le viol et l’assassinat d’une adolescente de 16 ans dans la ville de Mar del Plata. Le kidnapping s’est produit en même temps que la police réprimait brutalement la manifestation de clôture de la Conférence nationale des femmes à Rosario, un événement annuel dont le thème est la revendication de la dépénalisation de l’IVG.
De Santiago à Oaxaca...
Le 19 octobre, des milliers de femmes, habillées en noir comme les femmes polonaises la semaine précédente, ont abandonné les foyers, les écoles, les usines, les bureaux pendant une heure et se sont regroupées, en faisant sonner les casseroles et en portant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « Si ma vie n’a aucun valeur, produisez sans moi ! » et « Excusez-nous mais ils sont en train de nous tuer ! »
A Buenos Aires, en dépit de la pluie qui s’est abattue pendant toute la journée, des milliers de femmes venues du centre-ville et des banlieues pauvres du grand Buenos Aires, des hommes et des enfants se sont rassemblés en fin d’après-midi autour de la place de l’Obélisque pour marcher sur la place de Mai. Dans les 30 villes les plus importantes d’Argentine, et dans toute l’Amérique latine, de Santiago du Chili à Oaxaca au Mexique, les femmes ont marché contre la violence qui leur est faite. En Europe, il y a aussi eu des manifestations de soutien dans plusieurs villes, dont Paris et Copenhague.
Avec une hypocrisie absolue, se disant « ému » par la réponse populaire à l’appel de #Niunamenos, le président argentin Mauricio Macri a promis son soutien au mouvement. Il a bien sûr dû oublier qu’il venait de dissoudre le service qui enquête sur les cas de meurtres de femmes, d’éliminer le programme d’éducation sexuelle, et de créer un programme pour éradiquer les violences faites aux femmes... sans même lui attribuer un budget !
Virginia de la Siega