Cela fait maintenant plus de deux semaines que l’Ukraine subit l’invasion et les bombardements de l’armée russe sur la majeure partie de son territoire. Une guerre d’agression qui se poursuit et qui, malgré les gesticulations internationales de Macron, aussi crédible en chef de guerre qu’en protecteur des peuples, Poutine continue d’affirmer qu’il ira jusqu’au bout de ses objectifs, comprendre jusqu’à l’écrasement de toute résistance en Ukraine.
Nous le disions la semaine dernière : ce qui se passe en Ukraine est une guerre, menée par la deuxième armée du monde, contre un pays et un peuple qui n’ont absolument pas les moyens d’imposer un rapport de forces militaire contre Poutine et ses troupes. En attaquant l’Ukraine, la Russie a franchi un cap que d’aucuns imaginaient encore, il y a quelques semaines, infranchissable, à commencer par Macron et les siens se vantant d’avoir réussi à raisonner Poutine et à empêcher la guerre.
Ne pas tout confondre
Face à cette situation, le premier réflexe élémentaire est d’assurer le peuple ukrainien de notre solidarité face à cette agression, et de la manifester. Une solidarité face à la dynamique de guerre totale et d’écrasement par l’impérialisme russe, qui ne saurait être subordonnée à des considérations sur les forces politiques et sociales ukrainiennes. Une solidarité qui ne saurait non plus être subordonnée à des analyses sur les « rapports de forces inter-impérialistes », quand bien même celles-ci peuvent être indispensables à la compréhension de la situation et de ses possibles évolutions.
Nous ne confondons pas, en effet, la guerre d’agression contre l’Ukraine et le conflit plus global entre, d’une part, la Russie de Poutine et, d’autre part, un bloc UE-Otan sous leadership étatsunien, beaucoup plus puissant que le premier. Et nous ne confondons pas davantage la résistance ukrainienne à l’agression russe et les politiques hostiles des USA et de l’Otan contre la Russie. Le fait que Biden, Macron et les autres instrumentalisent la situation en Ukraine et la tragédie ukrainienne est une chose mais cela ne saurait nous conduire à relativiser notre soutien à la population ukrainienne.
Les paradoxes du « pacifisme » abstrait
Il y a bien, en Ukraine, un État agresseur et un peuple agressé. Et quand bien même cet État agresseur serait lui-même la cible de politiques nuisibles de la part d’autres puissances impérialistes, rien ne saurait justifier les agressions qu’il perpétue et tout plaide, en l’occurrence, en faveur du droit des UkrainienEs à se défendre. À ce titre, leurs appels à se faire livrer des armes défensives sont parfaitement compréhensibles, même si nous n’avons aucune confiance dans les dirigeants des puissances en capacité de répondre à ces appels.
Dans des situations comme celle de l’Ukraine actuellement, tant que les bombardements continueront et tant que les troupes russes seront sur place, toute position « pacifiste » abstraite, du type appel au « calme », à « cesser les violences » ou au « cessez-le-feu », renvoie de facto les parties dos-à-dos et équivaut à une négation du droit des UkrainienEs à se défendre, y compris militairement. Comme l’a écrit notre camarade Daniel Tanuro : « Le peuple ukrainien a le droit de se défendre, de défendre son indépendance, de décider lui-même son avenir, de résoudre lui-même, démocratiquement, les questions de la coopération entre ses différentes composantes, russes et non-russes. »
Solidarité internationale !
Affirmer notre solidarité avec le peuple ukrainien, tisser des liens concrets avec les forces sociales qui, en Ukraine, résistent à l’agression russe tout en refusant que leurs voix se confondent avec celles de leurs propres oligarques ou, pire, avec celles des impérialistes de l’Otan et de l’UE, n’est aucunement contradictoire avec la dénonciation des manœuvres desdits impérialistes. Et cela n’est pas davantage contradictoire, bien au contraire, avec un refus absolu de toute intervention militaire directe de l’Otan, qui fait partie du problème, et non de la solution, et qui ne pourrait que faire dégénérer encore un peu plus les choses, pour le plus grand danger des peuples de la région et du monde entier.
Pour citer de nouveau notre camarade Daniel Tanuro : « Une victoire éventuelle du peuple ukrainien serait une victoire de tous les peuples opprimés, en Palestine, au Myanmar, au Xinjiang, au Yémen... et une revanche pour le peuple syrien martyrisé. Ce serait aussi la victoire des opposantEs à la dictature poutinienne en Russie même. La victoire de Poutine, par contre, outre qu’elle conforterait sa dictature nationaliste en Russie et sur les marges de la Russie, serait celle de tous les oppresseurs, de tous les despotes et de l’extrême droite qui le soutient dans le monde entier. »
L’heure est toujours à la construction d’une mobilisation internationaliste :
– Pour l’arrêt des bombardements et le retrait immédiat de toutes les forces russes d’Ukraine ;
– Pour l’accueil de touTEs les réfugiéEs ;
– Pour l’annulation de la dette qui pèse sur l’Ukraine ;
– Pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ;
– Pour la solidarité avec les mobilisations antiguerre en Russie ;
– Pour l’arrêt de l’extension de l’Otan et, au-delà, pour son démantèlement.
Une voix internationaliste, anti-impérialiste, solidaire, contre tout chauvinisme et toute fuite en avant militariste, que Philippe Poutou fera entendre dans la campagne présidentielle.