À l’heure où les discours chauvins et xénophobes se multiplient, nous réaffirmons notre solidarité internationale avec tous les peuples et les travailleurEs.«Certains socialistes derrière leur ligne Maginot » titrait un éditorial du Monde ironisant à propos des petites phrases chauvines auxquelles se sont laissé aller, sans retenue, bon nombre de dirigeants du PS à l’occasion des discussions entre Merkel et Sarkozy et du sommet européen. On est un peu surpris de voir avec quelle facilité ces responsables politiques « tricolorent » et reviennent à la guerre de 1914 voire à celle de 1870, le temps de Bismark, comme Montebourg. Dans la foulée, Hollande découvre « le patriotisme industriel » et Bayrou part en guerre pour produire et acheter français... Marine Le Pen entend bien profiter de tous ces discours cocardiers, elle qui sans détour se fait la championne de la défense de la souveraineté nationale, « la priorité aux Français ».
Dans le même temps, se discutait au Sénat la loi sur le droit de vote des étrangers, débat dans lequel Sarkozy et l’UMP entendaient bien reprendre l’offensive sur le terrain du nationalisme. Après Fillon refusant de « vider la nationalité et la citoyenneté françaises de leur substance », Henri Guaino, le conseiller spécial de Sarkozy, n’a pas manqué de surenchérir en estimant qu’« il y a un tel malaise avec la nationalité, la nation, une telle perte de repères, que rajouter encore celle-ci serait désastreux ». Donner des droits de citoyen à des personnes vivant, travaillant, payant leurs impôts ici mais n’ayant pas acquis l’estampille « Français » ! Voilà qui est insupportable pour ces prétendus esprits européens.
Qu’importe à ces politiciens qu’ils foulent au pied une promesse de Sarkozy. Leurs convictions sont à géométrie variable en fonction de leur seule boussole, leurs propres intérêts et ceux de la classe dominante.Incapables d’apporter la moindre réponse à la crise dont ils sont, avec leurs amis les banquiers, responsables, ils tentent de subjuguer l’opinion publique en entretenant un climat d’inquiétude et de peur, en cherchant à diviser, à trouver un bouc émissaire, l’étranger. Ils flattent les préjugés nationalistes et chauvins pour canaliser, dévoyer le mécontentement populaire. Dépassées par leur propre crise, incapable d’en maîtriser ni les effets ni l’évolution, sans autre réponse que la fuite en avant, les classes dominantes sont entraînées dans une surenchère démagogique dont elles ne maîtrisent pas plus les dangers.
La lutte contre elles ne peut concilier avec le poison du chauvinisme qui divise les oppriméEs. Notre solidarité internationaliste n’est pas une simple posture morale, elle est une politique visant au rassemblement de notre classe à travers chaque mobilisation, chaque débat, chaque confrontation. Une politique consciente d’une évidence : les frontières nationales n’ont jamais protégé les travailleurEs et les classes populaires de quoi que ce soit, elles sont au contraire un carcan. Ici comme au niveau de toute l’Europe s’affrontent deux politiques, celle soumise aux intérêts des groupes financiers et des classes capitalistes celle défendant les intérêts des travailleurEs et des peuples contre la dictature des premiers. Construire l’unité du monde du travail pour son émancipation, c’est faire vivre la solidarité par-delà les frontières.
Yvan Lemaitre