Déby prépare le terrain électoral en neutralisant l’opposition par la cooptation ou la répression.
En avril 2021, lors de son coup d’État constitutionnel soutenu par Macron, Mahamat Déby avait juré qu’il rendrait le pouvoir aux civilEs à l’issue de la période de transition de 18 mois. Un an plus tard, il organisait un dialogue national qui, surprise, allongeait la période de transition et l’autorisait à se présenter aux élections présidentielles.
Le pouvoir quoi qu’il en coûte
Mahamat Déby vient d’annoncer sa candidature en expliquant qu’il ne « pensait pas être candidat » mais au vu de la mobilisation en sa faveur il s’est laissé convaincre (sic). Il sera donc le candidat de la coalition « Pour un Tchad uni » formée autour du parti présidentiel le Mouvement patriotique du Salut. Officiellement, ce sont 211 partis politiques et plus d’un millier d’organisations de la société civile qui constitueraient cette coalition.
Comme son père Idriss Déby qui est resté trente ans au pouvoir, Mahamat emploie les mêmes méthodes en maniant carotte et bâton. Ainsi après avoir réprimé les militants du parti les Transformateurs, il a fait revenir son dirigeant d’exil Succès Masra pour le nommer Premier ministre. Il a coopté aussi d’autres figures de l’opposition comme Gali Ngothé Gatta au secrétariat à la présidence ou Saleh Kebzabo à la primature lors des premiers mois de la transition.
En parallèle de cette politique d’ouverture aux élites censées être opposantes, une répression féroce s’abat sur ceux qui contestent cette succession dynastique. Après la féroce répression du jeudi noir d’octobre 2022 où des dizaines de personnes furent tuées et des centaines emprisonnées dans les pires conditions au bagne de Koro Toro, Mahamat vient d’élimer son principal opposant Yaya Diallo.
Affaire de famille
L’essentiel des postes clefs du pays sont occupés par les membres du clan Déby appartenant à la communauté des Zaghawa très minoritaire numériquement au Tchad. Régulièrement des tensions à l’intérieur du clan se font jour et peuvent être traitées très violemment, c’est ce qui s’est passé avec l’assassinat de Diallo. Neveu du père de Mahamat Déby, il avait déjà subi une attaque à son domicile causant notamment la mort de sa mère.
Les Forces d’intervention rapide, dirigées par un proche de Mahamat le général Ousman Adam Dicky, ont attaqué le siège du Parti socialiste sans frontières (PSL) que dirigeait Diallo. Les autorités l’accusent d’avoir mené une expédition punitive contre l’Agence nationale de sécurité. Les conditions de sa mort restent suspectes. Des photos circulant sur les réseaux sociaux montrent son visage portant un trou au contour noirci à la tempe suggérant une exécution à bout portant. L’oncle de Mahamat Déby, Saleh Deby Itno qui avait rejoint le PSL a lui aussi été arrêté.
Le message est clair, à l’image du père, le fils Déby ne supportera aucune opposition digne de ce nom. C’est donc une dictature que Macron soutient en échange d’une présence militaire française indue au Tchad.
Paul Martial