Le 24 juin 2022, la Cour suprême des États-Unis a enterré l’arrêté historique Roe v. Wade protégeant le droit à l’avortement. Cette décision est une condamnation pour des millions de femmes, personnes porteuses d’un utérus, à travers le pays. Jeudi 30 juin, Féminisme Yeah ! participait au rassemblement de solidarité appelé par le GACEHPA1 devant l’ambassade des États-Unis à Bruxelles.
Encore et toujours, nous sommes dans la rue pour défendre corps et âme le droit à disposer de notre corps. Partout dans le monde, le droit à l’avortement est menacé. Garantir l’accès à des avortements légaux, et donc qui ne mettent pas nos vies en péril ne peut se faire que par une lutte organisée, consciente et sans relâche.
Connaissons nos ennemis
Pour mener ce combat, connaissons nos ennemis : aux États-Unis, ce sont des juges conservateurs d’extrême droite qui ont ramené le pays 50 ans en arrière. Leur arrivée à cette position découle d’une montée de l’extrême droite effrayante et globale depuis plusieurs années. Chaque brèche d’une montée en puissance de l’extrême droite est un signal à prendre au sérieux et à combattre absolument. D’autant plus qu’elle est organisée internationalement. En décembre 2020, 32 pays dont les USA, le Brésil, la Pologne, la Hongrie et la Biélorussie, ont signé une déclaration internationale dite « pour la santé de la femme » qui s’engage à s’attaquer au droit à l’avortement, à combattre les droits des personnes LGBTQI+ et à renforcer le modèle de la famille hétéropatriarcale.
Nous exprimons notre solidarité avec les mouvements féministes, LGBTQI+ et nos camarades étatsuniennes en lutte, mais rappelons aussi qu’en Belgique, il y a à peine trois ans, le droit à l’avortement faisait l’objet d’un marchandage abject pour la formation du gouvernement. Rappel des faits : une proposition de loi élargissant et améliorant l’accès à l’avortement était sur le tapis. Cette dernière proposait d’étendre la période d’intervention à 18 semaines (actuellement 12), de réduire le délai de réflexion à deux jours (actuellement six) et de dépénaliser totalement l’avortement.
L’auto-organisation est une nécessité
Cette proposition de loi ne sera jamais adoptée, malgré une majorité qui la soutient au Parlement, et malgré nos mobilisations. La raison ? Le CD&V, la N-VA et le Vlaams Belang (partis catholiques et d’extrême droite flamands) ont usé des mécanismes constitutionnels de notre pays de manière inédite et anti-démocratique afin de tout faire pour éviter le vote définitif du texte. Le CD&V exigera ensuite la mise aux oubliettes de cette proposition pour accepter de former un gouvernement. De l’autre côté, les partis composant la Vivaldi ont accepté de mettre de côté cette proposition de loi, et donc nos droits, nos vies et nos mobilisations.
N’oublions surtout pas leur complaisance et leur lâcheté. MR, Open VLD mais aussi PS, Vooruit et Ecolo-Groen : on vous voit ! Ces mêmes partis prétendent aujourd’hui être à même de défendre nos droits et nos intérêts, certains se disent féministes, mais dans les faits les constats sont sans équivoque : l’avortement toujours conditionné et limité, les soins de santé et de santé mentale étouffés, nos salaires bloqués et les personnes demandeuses d’asile et sans-papiers criminalisées.
Cette situation n’est qu’une illustration de plus que nous ne pouvons pas faire confiance aux partis traditionnels ! Face à eux, et face au système capitaliste qu’ils défendent, l’auto-organisation des personnes opprimées est une nécessité.
Version intégrale sur gaucheanticapitaliste.org
- 1. Groupe d’action des centres extra-hospitaliers pratiquant l’avortement.