Joseph Biden, en poste depuis moins d’un mois, a continué à aller de l’avant avec son programme visant à la fois à résoudre les crises sanitaire et économique américaines et à réaffirmer la domination mondiale des États-Unis. Alors que Biden a défini son plan de soutien face aux conséquences de la pandémie, les Républicains se sont alignés derrière Trump, dont le procès en destitution a commencé au Sénat.
La crise sanitaire et économique se poursuit avec 465 000 décès dus à la pandémie, plus de vingt millions de chômeurEs et des millions de personnes confrontées aux expulsions et à la faim. Les positions de Biden en ce début de mandat en matière de politique intérieure et étrangère sont moins conservatrices que certains à gauche ne l’avaient prédit, tandis que la scission attendue au sein du Parti républicain ne s’est pas produite. Dans quelle situation cela met-il la gauche ?
Premières mesures de Biden
Biden, qui a souvent tendance à chercher le compromis, semble pourtant décidé à faire avancer son plan de relance de 1 900 milliards de dollars pour faire face aux crises sanitaire et économique. Les Républicains ne veulent qu’un programme de moins de la moitié de cette taille. Les Démocrates, cependant, n’ont qu’une majorité d’un vote au Sénat et seulement une majorité de dix voix à la Chambre, et au moins un sénateur démocrate a remis en question le plan Biden.
En politique étrangère, dans un renversement des positions de Trump, Biden a mis fin à l’aide militaire à l’Arabie saoudite dans sa guerre contre les rebelles houthis au Yémen. La guerre saoudienne a fait plus de 100 000 tuéEs dont plus de 15 000 civilEs, tandis que 85 000 Yéménites sont morts de famine et 2 500 du choléra. Même si l’aide US prend fin, les Saoudiens et leurs alliés ont suffisamment d’armes pour continuer la guerre. Cependant, le changement de politique de Biden pourrait être un premier pas vers la fin de l’horreur. Biden explore également la possibilité de rejoindre l’accord sur le nucléaire iranien, cherchant à rapprocher les positions des États-Unis de celles de leurs alliés d’Europe occidentale.
Bloc républicain ?
Beaucoup, comme l’écrivain de gauche Mike Davis, avaient prédit qu’après l’attaque du 6 janvier contre le Capitole, le Parti républicain se diviserait. Cela ne s’est pas encore produit. La domination de Trump semble clairement se poursuivre. Lors du vote du Congrès pour reconnaître la victoire de Biden aux élections, 7 sénateurs et 120 membres de la Chambre des représentants ont voté contre. Lors du vote sur la destitution de Trump à la Chambre, 272 Démocrates et seulement quelques Républicains ont voté pour la destitution, mais 197 Républicains ont voté contre. Ces votes reflètent la crainte des Républicains d’offenser Trump et sa base.
Le test le plus récent pour les Républicains est le cas de la députée nouvellement élue Marjorie Taylor Greene qui, depuis son élection, est soutenue par Donald Trump. Greene a affirmé que l’ancien président Barack Obama était musulman. Elle a soutenu les théories complotistes de QAnon, qui croit qu’un groupe de pédophiles dirige le gouvernement américain. Elle a également fait valoir que l’attaque du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center à New York n’a pas impliqué d’avions de ligne mais était le résultat d’un sabotage interne. Et elle a dit que les fusillades dans les écoles au cours desquelles des dizaines d’enfants sont morts étaient des événements organisés pour justifier de nouvelles lois sur le contrôle des armes à feu. Comme si cela ne suffisait pas, elle a affirmé que des faisceaux laser contrôlés par la famille Rothschild ont déclenché des incendies de forêt en Californie au profit des hommes d’affaires juifs.
Poussé à la sanctionner, le Parti républicain s’est en fait rallié autour d’elle : quand lors d’une réunion des élus, elle a déclaré qu’elle répudiait ces théories, elle a été ovationnée. Dans un geste sans précédent, les Démocrates ont dépouillé Greene de toutes ses affectations dans des commissions, annulant son influence à la Chambre. Quant au procès en destitution de Trump, vu la crainte qu’il inspire aux Républicains, il y a peu de chances qu’il soit condamné.
Traduction Henri Wilno